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le 24/07/2003 à 15:27:42
Meurtres sur forums
Prélude : Quand vingt ans plus tôt, le gouvernement avait déclaré que chaque foyer serait désormais gratuitement connecté à l’adsl, les aficionados du net avaient enfin crié victoire. Mais quand cinq ans plus tard, un jeune informaticien avait créé Adam, ils en étaient restés bouche bée. Qui aurait pu croire à une telle avancée technologique en si peu de temps. Qui aurait bien pu imaginer que tous les sites internet s’exploreraient désormais “de visu”. Plus besoin de taper ses messages sur un bon vieux clavier azerty. Plus besoin de taper l’adresse du site et de cliquer sur les liens. Il suffisait maintenant de connecter son casque personnel, de baisser les lunettes sur ses yeux, et d’appuyer sur le bouton “on”. Dorénavant, on se baladerait sur internet comme on se promene dans la rue, et on rencontrerait ses contacts comme on rencontre ses amis. Bien sûr, Adam avait soulevé un grand nombre de questions, dont certaines étaient encore sans réponse. Mais question sécurité, Adam était à la pointe du progrès. Les transactions étaient hautement sécurisées, les surfeurs se connectaient sous un de leurs multiples pseudos et l’identité de chacun était protégée. A chaque coin de page, à chaque détour d’une photo, à chaque topic d’un forum, un modérateur montait la garde. Non pas seulement pour modérer un message à caractère illicite, mais également car les modérateurs faisaient désormais partie d’une police du net chargée d’intercepter toutes sortes de hackers ou de faire respecter la loi en général. Désormais, être modo était un métier à temps plein. Je n’avais que 15 ans quand Adam était né, et cette information ne m’avait pas vraiment intéressé à l’époque. Il faut dire que je faisais partie d’une famille conservatrice ou on ne tolérait que les livres et à la rigueur un journal télévisé de temps en temps. Les consoles vidéos m’étaient inconnus, tout comme les ordinateurs. Et pour moi, internet ne devait être qu’une autre action côtée en bourse, dont mon père était si friand. Aujourd’hui, de l’eau a coulé sous les ponts et je me suis engagé dans la police du net. A suivre ... Message modifié le 30/03 à 21:03:47 par Centaurus. |
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Jeudi 3 Juillet :
L'homme était un habitué de ce genre de travail, et sur ces six derniers mois, il avait effectué ses missions sans être aucunement dérangé par l'ISA, l'Internet Security Agency, également connue sous le nom de police du net. Il était bien trop doué pour se faire prendre par une petite bande prétentieuse d'agents secrets incapables de se rendre compte qu'ils le connaissaient et qu'ils lui fournissaient sans s'en apercevoir des informations essentielles pour la réussite de ses projets. Ce qu'il s'apprêtait à faire aujourd'hui lui permettrait de prendre tranquillement une retraite bien méritée dans un de ces pays où il fait beau toute l'année. Cinq millions de dollars. En y pensant, il se dit qu'il pourrait s'acheter une petite île dans le pacifique, à l'abri des regards, et continuer ses petites affaires pendant quelques temps. Pourquoi s'arrêter si tôt puisqu'il n'avait rien à craindre ? Mais tout d'abord, il lui fallait terminer ce travail dont il était chargé. Dans le milieu, on le connaissait sous le pseudonyme d'Icare, mais personne ne savait qui se cachait derrière ce nom. On ne le rencontrait jamais et lui seul décidait s'il acceptait les missions qu'on lui proposait. Pour s'attacher ses services, il fallait faire preuve de patience. Nul ne savait vraiment où on pouvait le contacter, et le seul moyen de lui faire signe était de déposer un message banal dans de multiples forums de discussions. Quand il s'en apercevait, il donnait alors à son contact l'adresse d'un forum privé temporaire, un même forum ne servant jamais deux fois, et se faisait expliquer le travail qu'on attendait de lui. Lui-même ne répondait jamais à ces messages, se contentant si le travail l'intéressait de le faire savoir à son commanditaire. Dans le cas contraire, on ne recevait plus jamais de ses nouvelles. Cette fois-ci, il n'avait pas mis longtemps à se décider. Il faut dire que la perspective de s'introduire dans le cœur d'une des plus importantes banques du pays au nez et à la barbe des modos de l'ISA le remplissait de joie. Icare pénétra dans son quartier général, une immense pièce où trônaient de nombreux vestiges dépassés des temps passés, allant du PC de bureau le plus simple à l'ordinateur le plus perfectionné qui puisse exister. Des centaines de mètres de câbles électriques ou téléphoniques couraient le long des murs et reliaient scanners, imprimantes, graveurs, modems et autres écrans plats. Une pile de disques durs de la taille d'un cadran de montre était posée sur son bureau principal où il prit place après avoir allumé un petit appareil étrange, sorte de cylindre hexagonal de la hauteur d'une canette, creux en son centre et qui comportait deux petites encoches à sa base où il connecta deux petits fils. Il s'assura que toutes ses protections étaient activées, que la provenance de l'appel ne pourrait pas être découverte et se connecta enfin sur le réseau. L'homme leva la tête et regarda les pendules qui lui faisaient face. Le temps était très précieux dans son travail et chaque manœuvre devait être exécutée exactement dans le bon tempo s'il ne voulait pas avoir de mauvaise surprise. Une fois qu'il se serait connecté sur le site de la banque, il disposerait de moins de cinq minutes pour mener à bien son projet : retirer quelques dollars sur chaque compte bancaire de ses victimes et transférer le tout sur cinq comptes différents se trouvant dans une banque des îles Caïman. Ou plutôt six comptes différents car le sien serait crédité de cinq jolis millions de dollars. La pendule affichait désormais 21H50. Dans dix minutes, la banque fermerait ses portes pour ne réouvrir que le lundi d'après, fête nationale oblige. Dans cinq minutes Icare se mettrait à l'action. Dans dix minutes, il serait riche de cinq millions de dollars. Il enfila un gant électronique de son invention et baissa ses lunettes sur ses yeux, ces deux appareils étant reliés à l'énigmatique cylindre, dans lequel il inséra un disque dur. A 21H55 précises, il pénétra dans le lieu virtuel de son futur forfait qui, lui, allait bien être réel. A 22H05, Icare sortit de son bureau. Sur le seuil, il se retourna et se promit de se débarrasser de toutes ces antiquités. Puis il éteignit la lumière de son bureau et ferma la porte. Tout s'était passé sans aucun problème. Message modifié le 23/08 à 17:31:50 par Centaurus. |
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Depuis que j'avais annoncé à mes parents que j'allais postuler à un emploi dans la haute technologie, je n'avais quasiment plus de contacts avec eux. Mon père surtout avait pris ça pour un affront personnel, lui qui ne jurait que par la tradition familiale. La coutume voulait dans ma famille que chaque aîné prenne un jour la direction de la compagnie d'assurance que l'on détenait depuis cinq générations. Or, je ne me souciais guère de cette entreprise qui, bien qu'elle fut cotée en bourse, n'était pas si prospère qu'elle paraissait. J'avais donc bien précisé mes parents que quelle que soit la durée de mon contrat, il était hors de questions que je devienne le PDG de l'entreprise familiale. Mon père m'avait alors laissé une semaine pour réfléchir et changer d'avis. Sans quoi, il me déshériterait.
L'héritage consistant en l'entreprise en elle-même, la maison dans laquelle ils vivaient et quelques milliers de dollars en actions, cela ne me fit en aucun cas changer d'avis, malgré l'insistance de ma mère qui ne voulait pas de discorde dans la famille. Je revins donc la semaine suivante avec mon contrat signé. Ce fut la dernière fois que je pénétrai chez eux. C'était il y a cinq ans. La seule personne que je revois toujours est ma petite sœur Regan qui tient aujourd'hui un magasin de vêtements de mode sur la 5ème avenue. Il lui arrive de m'appeler au beau milieu de la soirée uniquement pour me dire bonsoir ou de frapper à ma porte pour s'inviter à dîner. Elle sait qu'elle est toujours la bienvenue chez moi, et maintenant que nous vivons tous les deux à New York, il arrive même que nous nous croisions à proximité de notre bar favori, le Four Seasons sur la 52ème rue Est. Quand elle m'appela en début d'après-midi, elle fut déçue de m'entendre lui répondre que je n'étais pas libre ce soir et qu'un gros boulot m'attendait. Après avoir raccroché, je me promis de l'inviter à dîner le plus tôt possible, une fois que ce travail à l'ISA serait enfin terminé. Cela faisait presque un an que nous étions dessus, et si tout se passait bien, il serait achevé dans quelques jours. |
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Peter Norton était un réceptionniste des plus sympathiques. Tout le monde l'appréciait dans l'immeuble où Regan habitait et il était rarement de mauvaise humeur. Qu'il vente, qu'il pleuve ou qu'il neige, il accueillait tout le monde avec son plus grand sourire, montrant des dents blanches qui contrastaient avec la couleur de son teint. Grand noir baraqué d'une cinquantaine d'année passée, Peter était originaire des bas quartiers du Bronx mais avait passé quasiment toute son enfance chez une vielle tante habitant Manhattan. Il avait pu suivre des études d'hôtellerie et entrer en tant que cuisiner dans un petit restaurant prisé de New York. Là, il s'était vite fait apprécier, tant par la qualité de sa cuisine que par sa joyeuse compagnie. Malheureusement, pour des raisons personnelles, le patron avait fini par retourner en Italie, son pays natal, et le restaurant avait fermé ses portes. A cause de son âge avancé et malgré les recommandations dont il disposait, Peter n'avais pu retrouver de place de cuisiner et s'était rabattu voilà trois ans sur cette place de réceptionniste d'immeuble. Le salaire était moins élevé que son ancien mais il disposait d'un appartement de fonction au premier étage. De plus, il s'était fait de nombreux amis dès son arrivée et était régulièrement invité à dîner chez ses voisins. Cet emploi était donc une aubaine à quelques années de la retraite.
Lorsque Regan apparut à l'extrémité du couloir, Peter Norton bondit de son siège et l'interpella en lui ouvrant la porte d'entrée. - Alors Mlle Clark, toujours pas de petit ami en vue ? - Peter, je vous ai dit mille fois de m'appeler Regan, répondit-elle en souriant. Et lorsque j'aurai enfin trouvé quelqu'un qui s'intéresse vraiment à moi, vous serez le premier averti. - Je ne comprends pas ces jeunes messieurs qui croisent votre route tous les jours, Mam'zelle Clark. Moi si j'avais trente ans de moins et que je rencontrais une jolie fille comme vous, je ne la laisserai pas tomber. - Oui mais vous, vous êtes un amour Peter, conclut Regan en l'embrassant sur la joue. Puis elle descendit la rue et tourna à l'angle d'un magasin. Peter la regarda s'éloigner d'un œil protecteur, puis le téléphone le tira de sa méditation et il retourna dans son bureau pour décrocher. -------------- Peter avait raison. A vingt-huit ans, elle méritait mieux que des amourettes passagères avec des hommes qui avaient peur de s'engager. Ce que Peter ne savait pas, c'est qu'elle rencontrait quelqu'un depuis quelques semaines. Quelqu'un qui lui plaisait et à qui elle plaisait mais qui ne se pressait pas pour lui faire savoir à quel point elle comptait pour lui. S'il voulait qu'elle reste dans sa vie, il ferait mieux de se décider. Elle le lui ferait comprendre le lendemain soir, dès qu'il rentrerait de son voyage d'affaire à l'étranger. Pour le moment, elle avait d'autres préoccupations plus importantes. Mme Higgins, une riche cliente de son magasin, avait besoin d'une nouvelle robe de soirée pour son prochain gala de charité. Et étant donné son caractère, elles allaient bien en avoir pour tout l'après-midi. |
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A quatorze heures, Gary Eastbridge se dit qu'il était temps d'appeler Regan. Il aurait déjà du le faire la veille, quand son avion avait atterri à Kennedy Airport, mais un message sur son répondeur lui demandait de passer au bureau. Etant donné que son voyage d'affaires s'était terminé plus tôt que prévu, son patron se posait sûrement des questions sur la signature du contrat dont il était chargé. Gary demanda donc au taxi de changer de direction et une demi-heure plus tard, il pénétrait dans le bureau de son patron Jonathan Rading, de "Rading and Son", célèbre cabinet d'entrepreneurs qui disposait de cinq succursales dans le monde et dont la principale était basée à New York.
Du haut de ses soixante-cinq ans, il regarda quelques instants Gary prendre place dans le fauteuil qui l'attendait. Jonathan avait toujours regretté de ne pas avoir eu de fille. Sans quoi, il aurait tout fait pour qu'elle épouse Gary. A ses yeux, il était le gendre idéal. A trente-deux ans, Gary avait déjà toutes les qualités, et les défauts, nécessaires pour devenir le prochain dirigeant de la firme. Dur en affaire quand il le fallait, il savait également être diplomate quand il sentait qu'une affaire se présentait mal. Mais quoi qu'il se passe, Gary avait toujours le dernier mot. "Une main de fer dans un gant de velours", telle était sa devise. Il avait également un sixième sens pour reconnaître une mauvaise affaire et n'hésitait pas à couper court à toutes négociations s'il pressentait que la signature d'un contrat apporterait plus de désagréments que d'avantages à la firme. Sur le plan personnel, Gary avait un charme inné qui faisait tourner la tête de la plupart des jeunes filles qui le rencontraient. Avec son mètre quatre-vingt, ses yeux verts et sa chevelure auburn, Gary faisait partie de ces hommes sur qui les regards se tournent quand il entre dans une pièce. Oui, s'il avait eu une fille, Jonathan aurait tout fait pour que Gary devienne son gendre. Malheureusement, il n'avait eu qu'un fils unique, comme Gary, et celui-ci était décédé cinq ans plus tôt dans un terrible accident de voiture. Aujourd'hui, il devait penser à sa future succession, et Gary semblait être le candidat idéal. En attrapant le téléphone, Gary se demanda s'il avait manqué à Regan. "Cela ne fait que deux mois et demie que nous nous connaissons", se dit-il. "Après tout, il n'y a encore rien de bien sérieux entre nous". Malgré tout, il se hâta de composer son numéro. Au bout de la sixième sonnerie, il raccrocha déçu. Il avait rencontré Regan lors d'une promenade à Central Park. Lui faisait son footing hebdomadaire, elle marchait à côté d'un homme et semblait en grande discussion. Il s'était retourné sur son passage, obnubilé par sa beauté, et s'était pris les pieds dans la laisse d'une femme qui promenait son chien, faisant un joli vol plané et retombant dans l'herbe. Il était reparti, honteux pour la première fois de sa vie. Mais heureusement, ce qui aurait pu être un mauvais souvenir s'était transformé en une très bonne occasion de nouer le contact quand ils s'étaient de nouveau croisé. Ils étaient vite devenus amis et s'étaient souvent revu, Gary apprenant lors du premier dîner que l'homme qui accompagnait Regan ce fameux jour et qui avait rit de sa chute n'était autre que son grand frère, Scott. Gary se rappellerait toujours le premier soir où il l'avait invité à dîner. Il avait voulu l'emmener chez Gino, petit pizzeria romantique qu'il connaissait bien, dans le quartier des théâtres, à la hauteur de Times Square. Mais quand il était passé la prendre à son magasin, il avait changé d'avis et avait opté pour un restaurant un peu plus chic. Regan était sortie de son magasin le pas léger, radieuse dans une robe de soirée digne de la plus belle femme de New York. Ses cheveux blonds bouclés lui tombaient sur les épaules et son magnifique sourire l'avait fait craquer. Gary s'était excusé de ne porter qu'un simple costume de travail (provenant tout de même de chez Armani) et Regan lui avait expliqué de la robe était pour une cliente et que le fait de la porter était le test final de la fabrication. Cela lui permettait de se rendre compte elle-même s'il restait quelques retouches à faire, et cela évitait que les clientes ne reviennent quelques jours plus tard. Il s'agissait d'une de ses promesses de vente que la cliente pouvait accepter ou refuser, certaines voulant être les premières voire les seules, à porter les collections qu'elles achetaient. La soirée avec Regan s'était merveilleusement bien passée et s'était terminée par quelques pas dans la nuit fraîche de New York. Puis Gary l'avait déposé devant chez elle, attendant qu'elle entre dans son building avant de repartir. Mais depuis ce jour, bien qu'ils se soient de nouveau rencontrés à plusieurs reprises, Gary avait cru sentir Regan un peu plus distante. "Après tout, dit-il à voix haute, je me suis peut-être fait des idées. Elle me considère uniquement comme un bon ami et a sûrement quelqu'un d'autre dans sa vie". Il reposa le combiné qu'il avait de nouveau décroché pour tenter d'appeler Regan à son magasin et décida d'aller faire un tour. Message modifié le 17/09 à 18:15:41 par Centaurus. |
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Lorsque j'entrai dans la salle de réunion, tout le monde était déjà arrivé. Mike, le chef des opérations était assis à l'extrémité de la table et lisait quelques notes en mâchouillant son stylo. Vétéran des forces spéciales d'intervention encore trois ans auparavant, il était entré à l'ISA après qu'un idiot de médecin l'ait déclaré inapte au terrain. Sachant qu'on allait le reléguer derrière un bureau pour s'occuper de la paperasse, il avait démissionné et avait postulé dans la police du net où il savait qu'une place s'était libérée. Désormais, il s'occupait de la mise en place des différentes missions d'infiltration, de surveillance ou de filature. Bien sûr, rien de ceci ne se passait dans la rue. Ses hommes faisaient leur travail dans une pièce au sous-sol, disposant de la technologie la plus avancée pour découvrir les sites xénophobes, pour traquer les pirates du net, pour démanteler les réseaux pédophiles … Le travail de Mike consistait à mettre en place les opérations et à les suivre jusqu'à leur aboutissement. Il était également en contact avec les différentes forces de police qui prenaient le relais pour interpeller toute personne mise en cause dans une de ces opérations. C'est lui qui avait mis en place voilà presque un an l'opération "Minotaure" qui allait bientôt arriver à terme et dont il était question aujourd'hui.
Je saluai tout le monde et m'assis entre Steve et Julia, deux modérateurs de mon équipe. - Encore à la bourre ! me chuchota Steve alors que Mike commençait son briefing. - Tu connais New York en début d'après-midi ! Les embouteillages …, répondis-je avec un clin d'œil, sortant mon excuse habituelle. Steve était un de mes meilleurs amis. Il était déjà là quand on m'embaucha à l'ISA et c'est lui qui eut la lourde tache de me mettre le plus rapidement possible dans le bain. Ce ne fut pas un travail trop pénible étant donné mes connaissances et mon aptitude à retenir du premier coup tout ce que l'on me disait. - Scott, tu m'écoutes ? me demanda Mike, me sortant de ma torpeur. Je levai la tête et vis que tout le monde me regardait. Sur le mur blanc en face de moi était noté les dernières preuves dont on disposait pour cette mission. Je compris que Mike attendait que je fasse mon rapport. - Désolé boss, je pensais à autre chose, répondis-je en me levant. - On avait bien remarqué. Alors qu'est-ce que tu en penses ? C'est pour ce soir ? - On dirait bien. En tout cas, si j'étais lui, je ferai ça ce soir, c'est le moment le plus propice pour sa réussite. Tout le monde dans la salle sachant de quoi on parlait, je ne pris pas la peine de faire un récapitulatif exhaustif de l'opération Minotaure. - Vous savez tous que cette opération dure depuis un an et que jusqu'à ces dernières semaines, nous n'en menions pas large. Seulement, grâce à notre travail, nous avons réussi voilà maintenant deux mois et demi à retrouver la trace que nous recherchions en vain. Depuis, nous surveillons cette personne nuit et jour dans ses déplacements sur le net, et malgré toutes les précautions qu'elle prend, nous avons enfin réussi il y a deux semaines à localiser la provenance de ses connexions. Les forces de polices sont prévenues et prêtes à l'interpeller dès que nous leur donnerons le feu vert. Si tout se passe comme nous l'avons prévu, vous aurez bien gagné le droit de prendre quelques jours de congés la semaine prochaine. Je fis une légère pause et sortis des disques durs vierges pour les distribuer à l'équipe. - Julia, ton travail consistera à suivre toutes les transactions qui auront lieu et à retrouver toutes les personnes impliquées. Je levai la tête vers elle et nos regards se croisèrent. Jolie trentenaire, ses yeux bleus me laissaient toujours pantois. Je n'avais jamais vu un bleu plus limpide que celui de ses yeux, qui me rappelait la couleur de la mer où nous allions passer nos vacances étant petits. "Une fois que nous serons en congé, pensai-je, je lui proposerai de venir avec moi passer quelques jours sur la côte Ouest. Cela fait longtemps que je veux aller en Californie et je sais qu'elle a passé son enfance à San Diego." Julia et moi n'étions pas exactement ensemble, mais il nous arrivait régulièrement de sortir tous les deux. Julia était sans aucun doute une des femmes qui comptait ou avait compté le plus dans ma vie, et le fait qu'elle ait failli démissionner et quitter la ville après son divorce m'avait fait rendre compte à quel point je tenais à elle. Son ex-mari s'était tiré un jour avec sa secrétaire, la laissant avec sa petite fille de six ans, Betty. Le divorce s'était mal passé car il avait essayé de lui mettre sur le dos l'échec de leur mariage, et elle avait fait une dépression nerveuse l'empêchant d'assumer son travail. Je l'avais soutenu, comme toute l'équipe, et avait fait promettre à Mike qu'il lui garderait sa place le temps qu'elle se reprenne. Et à force de volonté, elle avait repris son poste quelques mois plus tôt pour le bonheur de tout le monde. Car en plus de perdre une amie, nous aurions perdu la meilleure spécialiste des fraudes bancaires du pays. Un soir, alors que je la raccompagnais chez elle, je lui avais déclaré ma flamme au moment où Betty se précipitait dans le couloir pour sauter au cou de sa mère. Elle s'était arrêtée brusquement, regardant mes mains qui tenaient celles de Julia. Nous nous étions reculé instantanément, par réflexe. Betty avait alors dit bonsoir à sa mère et repris le chemin de sa chambre. Arrivée au bout du couloir, elle s'était retournée et avait prononcé ses mots : "Tu sais Scott, maman était très malheureuse. Je suis contente que tu t'occupes bien d'elle". Puis elle était entrée dans sa chambre, suivie de la baby-sitter. Julia me demanda de ne pas brusquer les choses, et nous nous étions séparés sur cette promesse. Arrivé chez moi, j'avais bien réfléchi. A trente ans, il était temps que je me fixe une bonne fois pour toute. Je n'étais plus le jeune universitaire blond qui faisait craquer toutes les filles et se servait de son charme pour draguer toutes celles qui l'intéressaient. Aujourd'hui, bien que le charme soit intact, j'avais heureusement mûri, en même temps que mes cheveux avaient foncé. Julia était la femme de ma vie, j'en étais persuadé, et je ne la laisserai pas glisser entre mes doigts. - Autre chose Scott ? me demanda Mike - Non, nous avons fait le tour de la question. Chacun sait ce qu'il doit faire. Il est seize heures trente, je veux que tout le monde soit là à vingt heures. Laissez vos portables allumés et ne vous éloignez pas trop. Ceux qui sont de permanence peuvent redescendre au sous-sol. - La réunion est terminée, déclara Mike. Bonne chance à vous. |
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A vingt et une heure, Regan sortit enfin de son magasin et ferma les portes à clé. Comme elle l'avait prévue, la rencontre avec Mme Higgins n'avait pas été de tout repos et s'était même éternisée plus qu'elle ne l'avait imaginé. Quand elle était enfin partie, Regan était loin d'avoir fini sa journée. Elle avait encore deux commandes à terminer avant la fin de la semaine et bien que son magasin soit fermé à partir de ce soir et ce jusqu'à lundi matin, elle serait obligée de revenir terminer le travail. Elle avait même demandé à une de ses employées si elle pouvait venir samedi pour les dernières retouches. Heureusement Lacey avait accepté de venir pendant tout l'après-midi ce qui lui permettrait de déposer les robes comme convenu samedi soir chez ses clientes.
Elle appela un taxi et décida de rentrer chez elle. "Tant pis pour le bon repas, je me commanderai une pizza", se dit-elle en donnant son adresse au chauffeur. Elle pensa à son frère qui devait encore être à son travail et à Gary qui rentrait demain. "J'ai hâte de le revoir". En passant devant Times Square, elle vit le petit restaurant dont lui avait parlé Gary : chez "Gino". Elle demanda au taxi de s'arrêter là et paya la course. Puisqu'elle était partie pour manger une pizza, autant la manger dans une bonne pizzeria. La salle semblait bondée quand elle entra dans le restaurant mais elle aperçut une table vide dans un coin de la pièce. Le garçon s'approcha et lui demanda avec un accent italiano-newyorkais si elle était seule. Regan acquiesça et commença à suivre le garçon. Quand celui-ci arriva à la table et se retourna pour permettre à Regan de s'asseoir, il n'y avait plus personne derrière lui. Regan sortit du restaurant en courant et essaya de retenir ses larmes. Elle appela un nouveau taxi qui l'emmena devant chez elle et Peter la vit entrer en pleurant. Elle monta directement à son appartement et s'écroula sur son lit. Quelle idiote elle était ! Un voyage à l'étranger, mon œil ! Dans la pizzeria, elle avait aperçu Gary qui n'était censé ne rentrer que le lendemain, et il n'était pas seul. -------------- En sortant de chez lui, Gary avait décidé d'aller au cinéma. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu un nouveau film et ces quelques jours de congé lui permettaient de combler cette lacune. Le dernier qu'il avait pris le temps d'aller voir était Titanic, et il n'en était pas très fier. Il ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi certaines personnes voulaient le vouloir plusieurs fois. En examinant les affiches, il vit qu'il y avait une série western "John Wayne" comprenant "Rio Bravo" et "Rio Grande". La séance commençait à quinze heures, avec un entracte d'une demi-heure entre les deux films il sortirait entre dix-neuf heures trente et dix-neuf heures quarante-cinq. "Tant pis pour les nouveautés, se dit-il, j'adore les vieux westerns". Il prit un billet et alla s'asseoir au milieu de la salle. A l'entracte, Gary se décida à appeler Regan. Avec un peu de chance, elle n'aurait encore rien prévu pour ce soir. Il y avait un téléphone dans le hall mais trois personnes attendait déjà. "Pourquoi ai-je oublié mon portable ?" dit-il tout haut, furieux contre lui-même. Une main se posa alors sur son épaule. - Gary ? dit une voix familière derrière lui. Il se retourna et découvrit avec stupeur Jenna Highsmith, une de ses ex-petites amies, qui l'avait quitté pour habiter en Australie. Elle était toujours aussi ravissante et Gary la dévisagea de la tête aux pieds avant de réagir. - Jenna, tu es toujours aussi belle, dit-il en l'embrassant. Le soleil australien te réussit apparemment. Mais tu es de retour définitivement ou tu n'es que de passage ? - De passage seulement, nous repartons demain matin. - Nous ? - Oui, Bobby est là pour affaires et j'ai décidé de l'accompagner, histoire de voir comment se porte la ville. A l'heure qu'il est, il doit encore être en réunion. Il doit passer me prendre à la fin de la deuxième séance. Mais j'y pense, tu veux dîner avec nous ? Bobby n'y verra aucun inconvénient et ça me ferait très plaisir. Gary réfléchit quelques instants. Il voulait revoir Regan le plus tôt possible mais elle n'était probablement pas libre pour ce soir. Et Jenna repartait demain. Il décida donc d'accepter l'invitation. - Si tu veux, on pourrait aller chez Gino, il me demande de temps en temps de tes nouvelles. - Sacré Gino, répondit Jenna. Et bien c'est d'accord, je vais laisser un message sur le répondeur de Bobby, dit-elle en sortant son portable. - Et moi, je vais réserver une table, dit Gary en voyant le téléphone du hall se libérer. Un peu plus tard Gary fit donc la connaissance de Robert, qu'il ne connaissait que par photographies. Il était très sympathique et Gary fut content que Jenna ait trouvé quelqu'un d'aussi bien. Juste avant le dessert, Robert s'excusa et se rendit aux toilettes. Quelques instant plus tard, un garçon se retourna surpris que la jeune fille qui venait d'arriver soit repartie aussi vite. |
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A cinquante deux ans, l’inspecteur Henry Pullet de la police de New York attendait patiemment l’âge de la retraite et se tenait aussi loin que possible des fusillades et autres courses-poursuites. Les jeunes recrues étaient plus aptes pour ce genre de passe-temps et il préférait s’occuper d’affaires moins dangereuses. A cinquante ans, quand sa femme lui avait demandé de partir en pré-retraite, il n’avait pu s’y résoudre. Il lui avait alors promis qu’il atteindrait l’âge de la retraite sans encombre et tenait sa parole. Désormais, bien qu’il soit l’inspecteur le plus expérimenté de son commissariat et probablement de tous les commissariats de la ville, Henry déléguait les affaires les plus dangereuses à un de ses collègues. Allan, de vingt ans son cadet, avait été son coéquipier pendant huit ans ans. Tout fraîchement sorti de l‘école de police lorsqu’il fut affecté à l’équipe d’Henry, Allan n’avait pas eu la tâche facile pour s’intégrer et se faire respecter de son aîné.
Henry était tout sauf sociable. Rustre, macho, ne mâchant pas ses mots, se fichant éperdument du code de police et faisant régulièrement des entorses à la loi, Henry était également un fumeur, un grand buveur de bières et un amateur inconditionné de ces sandwiches américains bourrés de ketchup, moutarde ou mayonnaise (voire les trois à la fois) et la plupart du temps accompagnés de frites bien grasses. Tout ce que détestait Allan. La cohabitation avait été difficile au début, Allan rabâchant à longueur de temps les règles qu’Henry avait transgressées dans la journée, Henry rageant qu’on lui ait affecté un bleu sans expérience, Allan répondant que s’il avait pu deviner que tous les inspecteurs avaient le cerveau aussi étroit que celui d’Henry, il aurait réfléchi à deux fois avant de s’engager dans la police. Mais les mois passant, ils s’étaient tous deux rendus compte des qualités de l’autre et avaient fini par sympathiser. Et puis, Henry respectant la parole qu’il avait donnée à sa femme, Allan s’était vu attribuer un autre coéquipier, beaucoup plus sociable mais beaucoup moins sympathique. Ce soir là, Henry commandait le petit groupe qui collaborait avec l’ISA dans l’opération "Minotaure". Mike leur avait demandé de se tenir prêt à intervenir en milieu de soirée. Henry regarda sa montre, il était presque vingt-deux heures. Posté dans une camionnette en face d’un immeuble de bureau, Henry donna ses dernières recommandations à ses hommes. Il n’y aurait probablement aucune résistance armée de la part de cet homme, mais qu’ils se tiennent sur leurs gardes. Lorsque Mike donnerait le feu vert, ils pourraient l’interpeller. A vingt-deux heures dix, ils virent la porte de l’immeuble s’ouvrir et une voix dans le talkie-walkie donna l’autorisation attendue. En descendant de la camionnette, Allan lança à Henry : "Alors Pullet, je ne te manque pas de trop ?" |
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Au sous-sol de l'ISA, Julia pianotait avec rapidité sur un petit clavier manuel attaché à son bras droit. Devant elle, une série de chiffres défilait sur un écran à plasma. Sur le mur, un planisphère géant était affiché et des connexions téléphoniques apparaissaient aux quatre coins de la planète, de New York à Moscou en passant par Rome, Paris ou Sydney. Finalement elle me fit un signe de la main pour me confirmer que la connexion initiale venait bien de l'immeuble voisin. A l'écran, les connexions laissèrent leur place à des transactions bancaires. Pendant cinq minutes, cinq cents millions de dollars naviguèrent à leur guise, de comptes en comptes, jusqu'à leur destination finale. Les îles Caïmans, c'était tellement prévisible.
- Scott ! C'est ok. L'argent est arrivé à destination, me lança Julia d'une voix ravie. Il me faudra un peu de temps pour trouver à qui appartiennent ces comptes mais tu peux prévenir Mike que c'est à lui de jouer. - Bon boulot. Tu auras bien mérité une récompense. Elle me jeta un rapide coup d'œil, sourire aux lèvres, et se remit à l'ouvrage. ----------------------- La pendule affichait désormais 21H50. Dans dix minutes, la banque fermerait ses portes pour ne réouvrir que le lundi d'après, fête nationale oblige. Dans cinq minutes Icare se mettrait à l'action. Dans dix minutes, il serait riche de cinq millions de dollars. Il enfila un gant électronique de son invention et baissa ses lunettes sur ses yeux, ces deux appareils étant reliés à l'énigmatique cylindre, dans lequel il inséra un disque dur. A 21H55 précises, il pénétra dans le lieu virtuel de son futur forfait qui, lui, allait bien être réel. A 22H05, Icare sortit de son bureau. Sur le seuil, il se retourna et se promit de se débarrasser de toutes ces antiquités. Puis il éteignit la lumière de son bureau et ferma la porte. Tout s'était passé sans aucun problème. A travers la porte transparente de l'immeuble, il vit les étoiles scintiller. La nuit était belle et une fois encore il avait réussi son coup. Il portait bien son nom. Comme Icare il s'envolait dans le ciel, vers les dieux. Oui, il était un dieu et personne ne pourrait jamais l'arrêter. Sûr de son fait, il commença à marcher le long du trottoir et ne vit pas arriver Henry, Allan, et une dizaine d'autres policiers. Ce n'est que quand on lui passa les menottes qu'il comprit. Icare venait de se brûler les ailes. |
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Vendredi 4 juillet :
En me réveillant ce matin, la pression que je ressentais depuis plusieurs mois avait enfin disparu. Un des hackers les plus recherchés d'Amérique était sous les verrous et nous allions pouvoir prendre quelques jours de vacances bien méritées. Au milieu de la nuit, Julia avait découvert qu'un des comptes des îles Caïmans appartenait à un membre d'un cartel colombien. Nous avions alors remis cette affaire entre les mains du FBI, bien plus qualifié que nous pour s'attaquer à ce genre de groupuscule. Notre travail était définitivement terminé et le dossier "Minotaure" était bouclé. En préparant mon petit déjeuner, j'analysai quand même les dernières informations que nous avions reçues sur Icare. Lorsque Harry et ses hommes avaient pénétré dans son bureau, ils étaient tombés sur une formidable caverne d'Ali Baba, mais cela ne nous étonna pas vu la difficulté avec laquelle nous avions trouvé sa trace.. Tout le matériel avait été confisqué et était désormais détenu comme pièces à conviction dans les bureaux de la police. Icare quant à lui avait été immédiatement transféré à la prison de Riker's Island sous le nom de Walter Miller. Ce nom ne nous était bien évidemment pas inconnu. Walter Miller s'était fait engager deux ans plus tôt comme agent de sécurité à la Newton Technology, firme new-yorkaise orientée vers la recherche et le développement de technologies informatiques pour l'aérospatiale, dont les bureaux administratifs étaient basés dans le même building que le nôtre. Et, comble de la malhonnêteté, il avait réussi à séduire une de nos jeunes employées qui lui fournissait sans le savoir des informations substantielles sur notre progression dans sa recherche. Cette pauvre Carla était dans tous ces états lorsque je lui avais annoncé qu'Icare n'était autre que son petit-ami. Mike lui avait dit de prendre deux semaines de congé, ce qui ne présageait rien de bon pour la suite de sa carrière à l'ISA. Une commission serait probablement réunie à son retour pour déterminer la teneur exacte des fuites et les conséquences à en tirer. En entrant dans la salle de bains, je m'efforçai d'oublier tout ce qui avait trait au travail, et réfléchis aux quelques jours de vacances qui nous étaient accordés. Aujourd'hui j'irai rendre visite à Julia et lui proposerai de venir avec moi en Californie. Je savais que Betty avait été invitée par une amie à passer une semaine de vacances dans la maison de ses parents, à Richmond, et Julia n'était pas contre cette idée qui permettrait à sa fille de s'échapper de l'atmosphère new-yorkaise encore plus pesante en cette saison. Nous retrouver tous les deux hors du contexte du bureau nous permettrait de savoir où nous en étions vraiment et si notre relation pouvait évoluer dans le sens que j'espérais. "Pourvu qu'elle accepte de partir avec moi", me dis-je en entrant sous la douche. Quand que je pénétrai dans ma chambre une demi-heure plus tard, je vis que mon répondeur clignotait. Bizarrement, la personne qui m'avait appelé n'avait pas laissé de message et avait raccroché après quelques secondes de silence. Je composai le numéro de Julia qui décrocha après deux sonneries. Elle m'annonça qu'elle était encore au lit et qu'elle n'avait pas essayé de me joindre, du moins pas en dehors de son rêve. Lorsque j'eus raccroché, nous avions convenu que je viendrais dîner chez elle et que c'est moi qui apporterais le dessert. "Je ramènerai aussi un cadeau pour Betty, pensai-je. Après tout nous sommes le jour de la fête nationale". |
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Tommy se rendait pratiquement tous les jours à la salle de jeux du centre commercial qui se trouvait à deux pâtés de maison de chez lui et où il possédait un abonnement. Là, il retrouvait ses amis et ils participaient ensemble à des jeux en réseau dont ils raffolaient. A dix-sept ans, Tommy était déjà dépendant aux jeux vidéo et personne n'arrivait à l'en guérir. Ses parents avaient alors investi dans un ordinateur dernier cri, espérant que cela permettrait de garder leur fils à la maison, et qu'il ne passerait plus des nuits entières dans des cybercafés, ne rentrant qu'au petit matin pour prendre une douche avant de repartir pour la journée. Mais cela n'avait servi à rien car l'intérêt des jeux en réseau reposait désormais sur un outil que ses parents ne possédaient pas : Adam.
Adam était encore pour l'instant inabordable pour les particuliers, et peu d'entre eux avait le privilège de l'utiliser à leur domicile. Le gouvernement avait repoussé toute idée d'aide au financement de la part de l'état, considérant qu'il avait déjà fait un grand effort en permettant à tous les foyers d'accéder gratuitement à l'adsl. Mais pour les propriétaires de cybercafés, Adam avait été un bouleversement. Ceux qui avaient eu les moyens d'investir dans cette technologie futuriste avaient vu leurs salles prises d'assaut par des centaines de jeunes, impatients de tester cette nouvelle approche du web. Leur chiffre d'affaires avait considérablement augmenté, ce qui avait permis à certains de s'agrandir pour répondre à une demande de plus en plus grande. En revanche, pour tous ceux qui n'avaient pas pu prendre le train en marche, cela avait été une terrible désillusion. Ils avaient alors vu leurs cybercafés désertés et nombre d'entre eux avaient été obligés de mettre la clé sous la porte. Ce jour là, et bien que ce soit le jour de la fête nationale, Tommy se rendit déjà de bon matin dans sa salle de jeux préférée. Le patron, un homme corpulent répondant au nom d'Eddy, leva les yeux de son magazine mais ne prit pas la peine de vérifier le badge de Tommy lorsque celui-ci passa devant lui. "En voilà un qui rentabilise son abonnement", avait coutume de dire Eddy lorsqu'il parlait de Tommy avec de nouveaux clients. "C'est le meilleur de nos joueurs, si vous pouviez le battre rien qu'une fois à un de ses jeux favoris, ça me ferait plaisir". C'était une phrase qui faisait toujours son effet et "battre Tommy" était devenu un objectif pour tous ceux qui s'abonnaient dans cette salle. Tommy s'installa au poste qui lui était désormais réservé et sans perdre un instant se connecta sur Adam. Il jeta un coup d'œil sur les quelques dizaines de mails qu'il avait reçu d'autres joueurs et en choisi un au hasard. "Tom Clancy", rien que le pseudo laissait penser que ce joueur se prenait pour un crack. Un sourire s'afficha sur les lèvres de Tommy, sorte de rictus de victoire : il allait lui montrer qui était le meilleur. "Tom Clancy" était en ligne et Tommy le contacta par message instantané. La réponse ne tarda pas, le défi était relevé des deux côtés. Ils décidèrent de se mesurer à "Human Safari", une chasse à l'homme où une multitude de joueurs pouvaient s'affronter. Une heure de départ était donnée et aucun nouveau joueur ne pouvait se connecter après le début du jeu. Chacun disposait d'une cible et avait pour mission de la tuer. Lorsque l'objectif était rempli, une nouvelle cible était affectée. Le vainqueur était le dernier à rester vivant. Tommy et "Tom Clancy" choisirent de jouer en "terrain miné", une partie personnalisée où personne d'autre ne pouvait se connecter et où les joueurs avaient la possibilité d'avoir plusieurs personnages. Tommy laissa le soin à son adversaire d'en jouer cinq différents. Tommy quant à lui en choisit un seul. La partie pouvait commencer ! Message modifié le 27/08 à 18:09:26 par Centaurus. |
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Allongée sur son lit, Regan regarda une nouvelle fois le téléphone. Lorsqu'elle était tombée sur le répondeur de son frère la première fois, elle n'avait pas osé laisser de message. Depuis, elle décrochait régulièrement le combiné, composait les premiers chiffres du numéro puis raccrochait en sanglots. "Il a probablement mieux à faire de sa journée que de m'entendre pleurer sur son épaule pour un problème de cœur", se dit Regan en s'essuyant les yeux.
Comment avait-elle pu se laisser berner par Gary ? Il n'avait tout simplement jamais eu à l'idée de s'engager avec elle. Elle ne devait être à ses yeux qu'une femme parmi tant d'autres, qu'il invitait à dîner quand il n'avait personne d'autre sous la main. Si au moins il avait été sincère, mais non, il avait prétexté un voyage d'affaires pour qu'elle ne l'importune pas pendant quelques jours et alors qu'elle attendait impatiemment son retour, lui passait probablement ses journées avec la femme qui l'accompagnait hier soir. En fait, en y réfléchissant bien, Regan se dit que tout était de sa faute à elle. Après tout, il ne lui avait jamais parlé d'engagement. Elle s'était raconté des histoires tout simplement. A moins qu'elle n'ait fait quelque chose qui l'ait blessé. De toute façon, elle était incapable de garder un homme dans sa vie. Elle éclata de nouveau en sanglots et s'enfouit la tête sous son oreiller. Quand elle se fut calmée, elle décida de se lever et passa une robe de chambre par-dessus son déshabillé. En passant devant son armoire, elle se regarda dans la glace et fit une grimace qui en disait long. "Ma pauvre, on dirait que tu as passé la nuit dehors", pensa-t-elle en se voyant. "Allons remédier à cela. Ensuite tu iras prendre l'air et tu te changeras les idées. Et pas question d'aller travailler ce matin. Les robes de ces dames attendront un peu !" Quand elle se regarda de nouveau dans la glace une heure plus tard, elle était resplendissante. Elle portait une jupe plissée et un chemisier blanc sur lequel retombait sa belle chevelure blonde. Les cernes qu'elles avaient sous les yeux avaient disparu et personne n'aurait pu dire qu'elle avait passé sa nuit à pleurer. Une légère couche de fond de teint masquait admirablement bien la pâleur inhabituelle de son visage. Une petite touche de mascara et de rouge à lèvres complétaient le chef-d'œuvre. Elle attrapa son gilet en passant dans le salon puis se demanda ce qu'elle allait faire. Son estomac lui donna le premier indice. Elle n'avait pas ingurgité la moindre nourriture depuis hier midi, elle commença donc par se préparer un petit déjeuner copieux, composé d'un œuf au bacon, de pommes de terres sautées, de toasts, d'un croissant accompagné de marmelade, d'une orange pressée, d'un yaourt nature et d'un grand café au lait, avec deux sucres. Chaque bouchée lui redonnait un peu de la force qu'elle avait abandonnée cette nuit. Depuis combien de temps n'avait-elle pas fait un premier repas aussi consistant ? D'habitude, elle se contentait d'un café et d'un toast, qu'elle avalait à la hâte avant de partir travailler. Seul le repas du midi était précieux à ses yeux et elle prenait généralement deux heures pour déjeuner tranquillement. Le soir quand elle était seule, elle se laissait souvent aller, réchauffant une part de pizza au four ou passant par un fast-food sur le chemin du retour. Son frère lui demandait souvent comment elle pouvait garder une ligne parfaite avec le nombre de cochonneries qu'elle grignotait. Cette pensée la fit sourire pour la première fois de la journée. Regan déposa la vaisselle dans l'évier et se décida à rappeler son frère. Elle s'approchait du téléphone quand celui-ci sonna. "Regan ? lui dit Scott à l'autre bout du fil. Tu es libre ce midi ?" Message modifié le 28/08 à 16:57:36 par Centaurus. |
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Le nez collé à une des fenêtres de son appartement, il regarda des milliers de personnes défiler dans les rues de Big Apple. C'était jour de fête aujourd'hui, et les New-Yorkais avaient depuis de nombreuses années pris l'habitude de défiler par milliers le long de la Cinquième Avenue, passant devant les lieux les plus importants de la ville. L'Empire State Building à l'angle de la 34ème rue, non loin de Macy's, le célèbre magasin ; le quartier des théâtres à hauteur de Times Square et des Nations Unies sur la 42ème ; Central Park ; le Lincoln Center for Performing Arts ; le Rockefeller Center … tous les endroits favoris des New-Yorkais voyaient passer cette immense foule dont le périple s'arrêtait au pied de la Statue de la Liberté. Les premières années, les forces de police avaient été dépassées par l'ampleur de cette manifestation de joie, redoutant par-dessus tout des attentats et contenant tant bien que mal la progression de la foule. À présent, ce rassemblement était préparé des semaines à l'avance par toutes les autorités compétentes, et le plus grand souci de la police était de faire patienter calmement les automobilistes qui avaient eu l'imprudence de prendre leur véhicule.
L'homme se détourna de la fenêtre. Il le savait, le grand jour était arrivé. Il peaufinait depuis des semaines son opération et il était enfin prêt. Ils allaient enfin savoir ce qu'il en coûtait de jouer au plus fin avec lui. Depuis qu'il avait été libéré de prison pour bonne conduite deux ans plus tôt, il ne pensait qu'à se venger. Il avait passé treize ans en cage pour un détournement de fonds qu'il n'avait pas commis. Treize années passées dans six mètres carrés, pendant que d'autres jouissaient d'une fortune qui ne leur appartenait pas. Ils lui avaient volé bien plus que treize années de sa vie. Bien plus … Mais leur tour viendrait bientôt. Tout d'abord, il allait se faire entendre. Bientôt on ne parlerait plus que de lui. Une fois, deux fois, trois fois, jusqu'à ce qu'ils aient des doutes. L'inquiétude puis la peur les gagneront et alors il leur ferait payer. A tous ! |
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En se levant ce matin, Gary avait eu un mauvais pressentiment. Il n'aurait pas su dire ce qui le troublait mais il était persuadé que sa journée ne serait pas aussi belle que le soleil le laissait supposer. "J'espère que ce n'est pas le vieux Rading qui va m'appeler pour que je revoie un dossier avec lui, se dit-il en se rasant. Il en serait bien capable vu qu'il travaille sept jours sur sept". Mais Gary regretta ses mots aussitôt qu'il les eut formulés. Il savait très bien ce qui poussait Jonathan Rading à travailler autant. Plus personne ne l'attendait chez lui. Sa femme était décédée quelques mois après son fils, cinq années auparavant. Morte de chagrin avait annoncé le médecin de famille. Leur fils unique … Jonathan n'avait jamais totalement réussi à faire son deuil. Et il se plongeait corps et âme dans son travail pour ne pas y penser.
Gary chassa ses pensées de sa tête et ouvrit le journal. Les premières pages étaient dédiées aux festivités du jour, dont le clou serait le feu d'artifice au-dessus de Liberty Island. Il tira de son portefeuille deux invitations qui permettaient aux privilégiés de voir le feu d'artifice du haut de la Statue de la Liberté. Il y emmènerait Regan ce soir, ça lui ferait probablement plaisir. "Je n'étais censé arriver à l'aéroport qu'en fin d'après-midi mais puisque je suis là, je pourrais même l'inviter à pique-niquer ce midi", pensa-t-il en décrochant le téléphone. Il regrettait de n'avoir pas réussi à la contacter la veille. Ensuite, la rencontre surprise avec Jenna ne lui avait pas donné l'occasion de retenter sa chance et il était bien trop tard quand il était enfin rentré chez lui. En revoyant Jenna, il s'était remémoré les formidables moments qu'ils avaient passé ensemble avant qu'elle ne décide de partir en Australie. Il était alors persuadé d'avoir rencontré la femme de sa vie. Ces souvenirs lui avaient fait prendre conscience à quel point il tenait à Regan. "Il est peut-être temps pour moi de me déclarer", pensa-t-il. Il composa le numéro de téléphone et quelqu'un décrocha dès la première sonnerie. "Bonjour, vous êtes bien chez Regan, je ne suis pas là …". Gary raccrocha sans laisser de message. Le portable de Regan ne donnant pas plus de réussite, Gary laissa tomber à regret l'idée du pique-nique. Soudain, son regard s'arrêta sur une publicité dans le journal. Une publicité pour une bijouterie. Il sourit, attrapa son pardessus et sortit. La soirée serait inoubliable, il en était persuadé. |
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Regan regarda sa montre. Il était midi moins vingt. Elle avait convenu avec Scott qu'ils se retrouveraient à midi au Four Seasons pour prendre un verre et qu'ils iraient ensuite déjeuner près du Rockefeller Center. Ils commanderaient vraisemblablement deux verres de chianti et le patron leur apporterait comme toujours une soucoupe de cacahuètes qu'elle adorait. Le Four Seasons était un des premiers lieux qu'elle avait découverts en arrivant à New York. Scott était venu la chercher à l'aéroport, ils avaient déposé ses bagages à l'appartement et il lui avait annoncé qu'il l'emmenait dans le seul endroit qu'il fallait absolument connaître à New York. Depuis elle y allait régulièrement, seule ou accompagnée. L'ambiance y était extraordinaire. Ici, tout rappelait l'Irlande. Elle l'avait visitée lors d'un voyage scolaire et adorait ce pays. Elle et son frère avaient des origines irlandaises, et leurs ancêtres étaient arrivés à New York vers 1860 lors de l'immigration de milliers d'Européens. Une génération plus tard un Clark épousait une belle immigrée italienne. Depuis, les gènes de ces deux peuples si différents s'étaient mélangés, ce qui avait donné un métissage particulièrement agréable.
Regan s'installa à sa table favorite qui s'était miraculeusement libérée à son entrée et fit signe au patron qu'elle attendait quelqu'un. Aujourd'hui, le bar n'était pas bondé comme à l'habitude. La plupart des New-Yorkais passaient la journée en famille et les autres profitaient probablement du long week-end dont ils disposaient. Un homme au bar attira son attention. Grand, brun et particulièrement séduisant, Regan lui donna entre 30 et 35 ans. Il était seul et à juger par la couleur du cocktail, il buvait un Manhattan. Alors qu'elle le fixait avec insistance pour essayer de découvrir d'autres aspects de sa personnalité, il se tourna dans sa direction. Regan baissa soudainement la tête, honteuse de s'être fait prendre sur le vif. Quelques secondes plus tard, elle croisait de nouveau son regard. L'homme leva son verre pour lui signifier qu'elle était d'hors et déjà pardonnée. Il se dirigeait dans sa direction lorsque Scott apparu. "Salut Regan, dit-il en l'embrassant sur la joue. Désolé du retard mais j'avais une course à faire". Scott s'assis en face d'elle et fit signe au patron. Regan quant à elle regardait en direction du bar. L'homme était parti. Au cours du déjeuner, ils discutèrent essentiellement de leur travail respectif et Regan se plaint de devoir travailler tout le week-end pour pouvoir terminer les robes. - D'habitude tu adores ton travail ! Tu y passes ton temps. Tu m'as même dit qu'il fallait que tu travailles d'arrache pieds pour être vraiment reconnue dans la profession. - Scott, ça fait deux ans que je t'ai dit ça. Depuis j'ai fait du chemin quand même. - Je sais, je te taquine. Ta boutique est une des plus célèbre de New York. Scott regarda sa sœur. Elle ne semblait pas dans son assiette aujourd'hui. Elle n'avait pratiquement pas encore touché à ses pasta al salmone et tenait son verre depuis trois bonnes minutes. - Tout va bien Regan ? - Hum ? Oh excuse-moi ! Je ne suis pas d'une compagnie très agréable aujourd'hui. - C'est vraiment le travail qui te met dans un état pareil ? Regan ne répondit pas tout de suite. Puis elle expliqua à son frère qu'elle avait vu Gary dîner avec une autre femme, alors qu'il était censé se trouver en voyage d'affaires. Les larmes commencèrent de nouveau à couler le long de ses joues. - Tu tiens vraiment à lui ? - Je ne sais pas. Je ne sais plus ce que je ressens… Oui je crois que je l'aime vraiment. - Alors peut-être devrais-tu essayer de t'expliquer avec lui. Je sais que dernièrement tu n'es pas tombé sur les bonnes personnes, mais si tu penses que tu l'aimes alors ne laisse pas tomber. Il ne t'invitait pas pour rien. Fais en sorte qu'il se rende compte qu'il tient à toi. Et sinon … - … Sinon je rentrerai au couvent, termina Regan en esquissant un début de sourire. Elle regarda son assiette et se rendit compte que malgré le petit-déjeuner qu'elle avait fait, elle avait encore très faim. Elle attrapa un morceau de pain à l'ail et s'attaqua à ses pâtes. - Alors comme ça, c'est toi qui m'aurais appelé ce matin ? dit Scott en lançant un regard complice à sa sœur. - Tu me devais un repas, dit-elle en riant. C'est la seule et unique raison. Scott et Regan passèrent une partie de l'après-midi ensemble. Scott avait décidé de faire un cadeau à Betty mais ne savait pas quoi offrir à une petite fille de six ans. Regan l'emmena dans un magasin de jouets du Rockefeller Center, et après avoir déambulé dans les rayons, ils optèrent pour un magnifique chien en peluche. "Les filles adorent les peluches, avec ça tu es sûr de ne pas te tromper". Ils passèrent également dans une pâtisserie où Scott commanda un gâteau. Il passerait le prendre en allant chez Julia. Soudain, son téléphone sonna. Mike lui demandait de passer quelques minutes au bureau pour compléter avec Henry Pullet les chefs d'accusation contre Walter Miller. - Désolé Regan mais je vais devoir y aller, dit-il en raccrochant. Je suppose que tu n'as rien de prévu pour ce soir alors ? - Hier, je t'aurais dit que Gary m'inviterait à dîner mais maintenant … - Et bien prends les choses en main et appelle-le. Et ne lui laisse pas le choix. - Bien chef, répondit-elle en souriant. Passe une bonne soirée et je croise les doigts pour tes vacances. Ils se séparèrent devant la cathédrale St. Patrick et Scott monta dans un taxi pour se rendre aux bureaux de l'ISA. Regan réfléchissait à ce qu'il avait dit. Devait-elle appeler Gary ? Elle décida qu'elle lui donnerait l'occasion de s'expliquer et aviserait ensuite. Mais en repassant à proximité du Four Seasons, elle aperçut de nouveau l'homme qui se trouvait dans le bar juste avant que Scott arrive. Elle hésita puis voyant qu'il l'avait aperçu et marchait dans sa direction, elle se dirigea vers lui. |
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Julia discutait au téléphone avec Mme Applegate. A ses côtés, Betty ne ratait aucun mot de la conversation. Elle était aux anges. Sa mère avait accepté qu'elle aille passer la prochaine semaine de vacances à Richmond chez une de ses copines. Monsieur et madame Applegate y possédaient une maison de campagne et s'y rendaient dès lundi.
- Ne vous inquiétez pas, répétait pour la troisième fois Mme Applegate. Il n'y a pas de raison que ça ne se passe pas bien. - Je sais, mais c'est la première fois qu'elle va partir toute seule, alors vous comprenez … - Elle ne sera pas toute seule. Elle sera avec nous. Jodie est tellement contente de pouvoir amener une amie. Etre fille unique, ça lui pèse parfois. "Et d'autant plus quand on est élevée uniquement par sa mère, pensa Julia en regardant Betty. Ce n'est pas facile pour elle tous les jours". - … et puis nous les emmènerons à la piscine, au cinéma. Nous ne les laisserons jamais sortir toutes seules, si c'est ce qui vous fait peur. - Non, non, s'empressa de répondre Julia, sortant de sa torpeur. J'ai confiance en vous. C'est plutôt pour moi que je m'en fais. Que vais-je devenir sans la voir pendant une semaine ? Betty et elle échangèrent un clin d'œil. A l'autre bout du téléphone, Mme Applegate esquissa un sourire et répéta une nouvelle fois que tout se passerait bien. Elle proposa de venir chercher Betty le dimanche soir. Ainsi, ils pourraient partir directement de chez eux le lundi matin et cela n'obligerait pas Julia à se lever de bonne heure. Julia raccrocha enfin et sa fille se précipita dans ses bras. - Merci maman, t'es la meilleure, dit-elle en l'embrassant. - Tu me promets d'être sage et de faire attention ? - T'en fait pas maman, tu m'as très bien élevée. Mais toi, tu ne vas pas trop t'ennuyer quand je serai partie ? Peut-être que tu devrais inviter Scott à la maison. - Non mais de quoi je me mêle, s'esclaffa Julia en se jetant sur Betty et la chatouillant. Et d'abord, Scott n'est qu'un ami et un collègue de travail. - Tu parles … En tout cas moi je l'aime bien Scott. Et lui aussi il t'aime bien. Moi je crois que … - Bon ça suffit, dit Julia en l'attrapant dans ses bras. Il est temps de préparer le dîner si tu ne veux pas qu'il soit déçu par la soirée. Elles se rendirent dans la cuisine et se mirent au travail. Julia avait prévu de faire une tarte aux légumes, composée de tomates, poivrons, courgettes et aubergines. La pâte était faite à base d'œufs et le tout était recouvert de mozzarella. Betty s'affairait dans la cuisine, sortant du frigidaire ou des placards les ingrédients nécessaires pendant que Julia coupait les légumes en rondelles. Pour l'entrée, Julia sortit un bocal d'asperges, quelques tranches de bacon et de pain et du beurre. Elle vérifia qu'elle avait bien mis au réfrigérateur une bouteille de vin blanc français et sortit le seau à vin. Enfin, elle glissa la tarte dans le four et mit le minuteur. Il était dix-huit heures trente. Scott devait arriver dans une heure. Cela lui laissait assez de temps pour prendre une douche et s'habiller. |
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Assis dans son fauteuil, Jonathan Rading était perplexe. Il tenait dans sa main le fax qu'il avait reçu en fin d'après-midi. Il le relut une énième fois en espérant trouver un indice qui le mettrait sur la piste de l'expéditeur. Le numéro de fax qui apparaissait en haut de la feuille correspondait à celui d'une bibliothèque. N'importe qui pouvait y avoir accès. Le message en lui-même était bizarre. Il faisait allusion à une affaire qui avait au moins dix ans. Une histoire de pot-de-vin qui avait entaché pendant un temps la réputation du cabinet. Mais la justice avait conclu que les dirigeants n'étaient en aucun cas responsable des manigances de leurs employés. Les trois personnes qui s'étaient rendues coupables de ces agissements avaient été condamnées à quelques années de prison et le nom même de Rading avait été blanchi. Alors pourquoi quelqu'un souhaitait ressortir cette affaire aujourd'hui ? Que voulait cette personne exactement ? Une partie du message suggérait de surveiller quelques employés travaillant encore pour la compagnie, sans toutefois citer de nom. Se pouvait-il vraiment que toute la lumière ne soit pas faite dans cette affaire ? Et pourquoi se manifester uniquement maintenant ? Le message n'était pas clair.
Jonathan enferma la feuille dans un de ses tiroirs. Il ne disposait pas d'informations assez importantes pour décider de la marche à suivre. Peut-être ce message était-il l'œuvre d'un des trois salariés condamnés souhaitant se venger de quelqu'un. Ou peut-être s'agissait-il tout simplement d'un maître-chanteur qui désirait s'enrichir en le menaçant de ressortir cette affaire au grand jour. Après tout, Rading and Son était en concurrence avec d'autres entreprises sur de nombreux chantiers, notamment ceux entrepris par la mairie. Il fallait probablement creuser cette piste. Nombreux étaient ceux qui trouveraient leurs comptes si son entreprise était évincée de ces appels d'offre. Jonathan décida qu'il en toucherait deux mots à Gary lundi matin et qu'il prendrait contact avec ses avocats. "Je te le promets Richard, je ne laisserai personne entacher de nouveau notre nom.". Il fixa quelques instants la photo de son fils posée sur son bureau, puis se décida à rentrer chez lui. Message modifié le 17/01 à 12:37:30 par Centaurus. |
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Gary avait fait une dizaine de bijouteries avant de trouver enfin en milieu d'après-midi une bague digne de la beauté de Regan. Dès qu'il l'avait aperçue, il avait su que c'était celle-là qu'il lui fallait. Et peu importe le prix. Le joyau au centre de la bague était de toute façon moins précieux à ses yeux que Regan elle-même. En sortant de la bijouterie, Gary avait fait quelques pas le long de la cinquième avenue, essayant de trouver les mots qu'il dirait à Regan au moment où il lui offrirait cette bague. Mais encore fallait-il réussir à la joindre pour l'inviter. Il tenta de nouveau de l'appeler chez elle mais ce fut peine perdue. Au bout de la troisième sonnerie du téléphone portable, elle décrocha enfin. Le tumulte derrière elle laissait deviner qu'elle se trouvait dans la rue. Sa voix était hésitante lorsqu'elle répondait à ses questions, et Gary eut l'impression qu'elle n'était pas toute seule. Il décida de se lancer une bonne fois pour toute.
- Regan je suis déjà à New York, je suis rentré plus tôt que prévu. Et je me disais qu'on pourrait se voir ce soir. J'ai deux invitations pour voir le feu d'artifice du haut de la Statue de la Liberté. Nous pourrions aller manger quelque part avant. Tu n'as qu'à décider du lieu. - C'est à dire … - A moins que tu n'aies déjà quelque chose de prévu bien entendu. A l'autre bout du fil, Regan hésitait. L'inconnu du Four Seasons était à côté d'elle et lui avait annoncé d'une traite qu'il s'appelait James, qu'il était un tout nouveau New-yorkais, qu'il ne connaissait pas encore grand monde, qu'elle était la plus jolie femme qu'il avait vue jusqu'à présent et qu'il souhaitait l'inviter à dîner, bien qu'ils ne se connaissent absolument pas. C'est à ce moment que le téléphone de Regan avait sonné. - Regan, tu es toujours là ? Que devait-elle répondre ? Il n'était pas dans ses habitudes de sortir dîner avec quelqu'un qu'elle ne connaissait pas, mais dans le même temps, elle n'avait aucune envie de dîner avec un menteur. Gary lui avait bien annoncé qu'il était rentré plus tôt que prévu, mais n'avait pas précisé depuis combien de temps. Peut-être qu'il lui expliquerait tout ça durant la soirée. Et s'il ne le faisait pas, elle l'obligerait à s'expliquer. Et puisqu'il lui avait proposé de choisir le restaurant … - Gary, c'est d'accord pour ce soir. Que dirais-tu de nous retrouver à vingt heures chez Gino ? Je te laisse réserver la table. En raccrochant, Regan regarda James. Il avait sûrement entendu la conversation ou tout du moins ce qu'elle avait dit, et paraissait déçu. Mais le sourire réapparut bien vite sur ses lèvres. - Si j'ai bien compris, je n'aurai pas la chance de vous avoir à ma table ce soir. Mais après tout c'était prévisible et je n'y croyais pas trop moi-même. Les jolies femmes ne passent jamais une soirée seule. - Je suis désolée mais … - Vous n'avez pas à l'être. C'est moi qui m'excuse de vous avoir importunée. J'espère seulement que j'aurai la chance de vous revoir un jour. Avant de vous quitter, puis-je savoir votre prénom charmante demoiselle ? - Je m'appelle Regan. Et qui sait, peut-être nous reverrons-nous dans le quartier. En repartant chez elle, Regan se doutait que cet homme ferait désormais fréquemment une halte au Four Seasons en espérant la voir. Et bizarrement, cela ne la dérangeait pas. Elle s'aperçut même qu'elle espérait le rencontrer de nouveau. |
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Après être passé rapidement à l'ISA pour mettre au point les chefs d'accusation à l'encontre de Walter Miller, j'étais retourné à mon appartement et m'étais branché sur Internet. Si Julia acceptait de partir avec moi à San Diego, mieux valait réserver les places deux jours à l'avance plutôt que le jour même. Je m'y prenais à la dernière minute mais la traque d'Icare m'avait pris toutes mes journées et je n'avais pas encore eu le temps d'y penser. Et puis si nous n'avions pas réussi à l'attraper, il n'aurait pas été question de vacances. Après avoir déambulé sur les sites des compagnies aériennes, je trouvai enfin le vol que je recherchais. Le départ était prévu pour 14H00 à Kennedy Airport, ce qui nous laisserait la matinée pour les derniers préparatifs. Les six heures de trajet nous feraient arriver à l'aéroport de San Diego vers 17H00. Pour ce premier jour, nous nous contenterons de défaire nos bagages et de prendre un rafraîchissement à la terrasse de l'hôtel. Je réservai donc deux places et me mis à la recherche d'un hôtel à San Diego. Un de mes amis m'ayant déjà parlé du DoubleTree Club, j'optai pour celui-ci et réservai une chambre du lundi au samedi. Il était proche du centre-ville ce qui nous permettrait de nous promener à pied. Et si nous désirions pousser nos expéditions plus loin, nous pourrions toujours louer une voiture.
J'introduisis ma carte bancaire dans mon lecteur et mis en route la procédure de paiement sécurisé pour la réservation de l'hôtel. Si Julia ne pouvait ou ne voulait pas venir, cette caution serait perdue. Mais je préférais prendre ce risque plutôt que de devoir faire plusieurs hôtels si certains étaient complets. Pour les billets d'avion, ce n'était qu'une réservation temporaire et si la limite de 13H15 était dépassée avant de retirer les billets, ils étaient tout simplement remis en vente. Je passai ensuite dans la salle de bain pour prendre une douche et en me regardant dans la glace, je décidai de me raser. J'appliquai le baume après-rasage préféré de Julia, passa une nouvelle chemise et enfila ma veste. Il était 19H00. Je serai probablement un peu en avance si je partais maintenant. J'attrapai le cadeau pour Betty, pris mes clés et sortis. Je fermai la porte et appuya sur le bouton pour appeler l'ascenseur. En descendant, je me remis à penser à Regan. Avait-elle eu le courage d'appeler Gary ? J'espérais sincèrement que ça s'arrangerait entre eux. Gary m'avait paru être un type bien et je n'avais jamais vu Regan aussi épanouie lors d'une relation. "Allez petite sœur, me dis-je, ne te laisse pas faire". En faisant le chemin vers la pâtisserie, je vis plusieurs personnes me dévisager en souriant, et je ne compris pourquoi que quand une petite fille montra à sa mère l'énorme peluche que je tenais dans mes bras. Regan avait bien raison, les peluches plaisaient à tout le monde et Betty serait ravie. Après avoir récupéré le gâteau, je fis signe à un taxi et lui donna l'adresse de Julia. Je n'aurai pas pu continuer à pied avec le gâteau dans une main et le chien en peluche dans l'autre. J'en profitai pour regarder mes concitoyens. Certains se promenaient en famille, profitant de cette journée pour passer un peu de temps avec leurs enfants. D'autres couraient ici et là, pressés de rentrer chez eux ou en retard à un rendez-vous. En passant à la hauteur de la cinquantième rue, une ambulance nous dépassa en faisant hurler son gyrophare et se gara devant le Rockefeller Center. Plus loin, un groupe à vélo s'arrêtait devant le Chrysler Building et prenait des photos. Le taxi s'arrêta enfin. Le chauffeur me souhaita une bonne soirée et repartit aussi vite qu'il était arrivé. J'entrai dans le hall et vit le concierge s'approcher pour m'ouvrir la seconde porte. Il me connaissait de vue et me laissa passer avec un "bonsoir" enjoué. Puis il se précipita vers l'ascenseur pour m'ouvrir la porte, appuya sur le bouton du quinzième étage et referma derrière moi avant de reprendre sa place à son bureau. Arrivé sur le palier, je sonnai deux fois et attendis. Une voix lointaine cria de ne pas ouvrir, qu'elle arrivait, mais de petits pas rapides s'approchèrent de la porte et celle-ci s'ouvrit en grand. - Scott ! s'écria Betty en se jetant sur moi. Maman, c'est Scott. J'entrai et refermai la porte. Betty me regardait avec un grand sourire. Elle avait entraperçu la peluche que je cachais dans mon dos. Je déposai le gâteau sur la table de la salle et m'accroupis. Lorsque je lui tendis le chien, elle explosa de joie et me sauta dans les bras. - Comment vas-tu l'appeler ? lui demandai-je. - Je ne sais pas. - Et pourquoi pas "Biscotte" ? Biscotte était le nom d'un de mes chiots quand j'étais petit et il ressemblait en tout point à celui-ci. - D'accord pour Biscotte, répondit Betty en le serrant dans ses bras. C'est vrai qu'il est craquant. Elle se pencha ensuite vers moi et me glissa à l'oreille que sa maman était en train de se faire belle. Puis elle me dit que si ça sentait aussi bon dans la maison, c'était parce qu'elles avaient cuisiné toutes les deux et que le repas était dans le four. Je fis signe de me lever pour aller voir et elle se planta devant moi les bras écartés. - Stop, interdiction d'entrer dans la cuisine. C'est une surprise. J'acquiesçais donc et lui demanda de mettre le gâteau dans le frigidaire. Au moment où elle entrait dans la cuisine, sa mère apparaissait dans le salon. - Tu es magnifique, lui dis-je en la serrant dans mes bras et l'embrassant. Si tu savais ce que tu m'as manqué aujourd'hui. - Toi aussi Scott. Je ne supporte pas quand tu n'es pas à mes côtés. - Maman, tu as vu ce que Scott m'a offert ? Betty fit de nouveau irruption dans la pièce, tenant fièrement son chien dans les bras. - Il s'appelle Biscotte, renchérit-elle. - Et moi je n'ai pas le droit à un cadeau ? demanda Julia faussement déçue. - Peut-être bien. On verra ça à la fin du repas. Julia fronça les sourcils se demandant ce que je lui réservais. Puis elle me dit de m'asseoir sur le canapé et de la laisser s'occuper de l'apéritif. Et pendant qu'elle nous servait deux martini gin, Betty m'annonça ravie : "Tu sais quoi Scott ? Et bien lundi je vais à Richmond avec une copine et j'y reste toute la semaine". Je souris intérieurement. Julia n'aurait donc pas à s'occuper de sa fille. Il n'y avait donc pas de raison qu'elle refuse de venir avec moi en Californie. |
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Tommy venait de remporter une nouvelle victoire lorsque la pendule marqua 18H45. Ils n'étaient désormais plus qu'une poignée dans la salle, la plupart des joueurs étant repartis chez eux. Tommy retira ses lunettes et réfléchit. Il avait promis à ses parents qu'il serait rentré pour 19H15. Il ne lui fallait que dix petites minutes pour rentrer chez lui, mais une partie en moyenne durait une bonne demi-heure. S'il en faisait une autre, il serait sans aucun doute en retard. Il décida de consulter ses boites mails et de partir ensuite. La plupart des emails qu'il recevait se divisaient en deux catégories : d'une part des joueurs qui souhaitaient l'affronter et de l'autre part de la publicité. Il décida de tout effacer sans les lire. Au moins, il ne serait pas tenté de refaire une partie. D'ailleurs il faisait bien de s'arrêter car il avait un début de migraine et avait mal aux yeux. C'était un peu normal après une journée pareille mais aujourd'hui, ça lui faisait plus mal que d'habitude. Il s'apprêtait à retirer ses lunettes et à arrêter sa connexion quand un son familier se fit entendre. Il venait de recevoir un nouveau message. Il hésita un instant et l'ouvrit. "Alors, prêt pour ta défaite ?". Le message n'était pas signé, comme la première fois, mais un nom de salon était inscrit en bas de page. Tommy fit quelques pas à travers le réseau et trouva la porte qui lui permettait d'y accéder. Elle semblait verrouillée mais elle s'ouvrit dès qu'il s'en approcha. Lorsqu'il pénétra à l'intérieur du salon, il ne vit personne. Il était le seul connecté, qu'est-ce que cela voulait dire ? Il faisait demi-tour pour sortir quand la porte se referma. Il était enfermé dans le salon. Bizarre ! A quoi tout cela rimait ? Il lui suffisait de retirer ses lunettes et de se déconnecter pour sortir d'ici, alors pourquoi cette mascarade ?
Soudain, le salon se changea en zone de jeu. Et bien qu'il soit assez doué en informatique, Tommy ne comprenait pas comment le code de la page puisse avoir été modifié de cette façon. "Prêt pour une nouvelle partie ?". La voix résonna et retentit dans sa tête. L'écran de jeu changea de nouveau pour passer au choix des personnages. Tommy reprit sa respiration et ses esprits. Qui quelle soit, cette personne était douée et avait semble-t-il décidé de l'effrayer. Peut-être pensait-elle avoir de cette façon une chance de le battre. Il était de nouveau tout à fait lucide et mit le gant électronique qui lui permettait de jouer. Dans la zone de dialogue, il demanda le nom de son adversaire. "On m'appelle le Créateur", répondit-il. "Encore un qui se prend pour Dieu. Mais pas question de changer mon comportement". Il proposa à son adversaire de choisir cinq personnages et en prit un seul comme à son habitude. Il était prêt à en découdre. Avant de démarrer, il se rappela que ses parents l'attendaient pour 19H00. "Je vais faire vite et je serai dans les temps". Il se retrouva projeté au milieu de la brousse et mit immédiatement son détecteur cardiaque en route. Pour l'instant, il n'y avait personne dans les environs. Il rampa dans les broussailles et vit enfin un point lumineux apparaître. A à peu près cinquante mètres devant lui se trouvait un de ses ennemis. Il regarda avec ses jumelles et l'aperçut. Il se tenait debout, immobile, et regardait dans la direction opposée. Tommy s'approcha prudemment alors que l'autre ne semblait pas bouger. Son adversaire était probablement en train de bouger un autre de ses personnages, il fallait en profiter. A dix mètres il visa avec son pistolet et tira au moment où le personnage se retournait. Il l'atteignit à la tête et celui-ci s'effondra. Le bruit de la détonation retentit dans l'air. Dans sa précipitation, Tommy avait oublié le silencieux. Il l'accrocha immédiatement et consulta de nouveau son détecteur. Les autres n'allaient sûrement pas tarder à arriver. Il battit en retraite et prit place dans un arbre, caché par le feuillage. Rien à l'horizon. L'espace de jeu n'était pourtant pas si grand. Il était sur le point de descendre quand deux points lumineux apparurent comme par magie à vingt mètres de distance de lui, l'une au nord et l'autre au sud. Son adversaire était coriace mais ne l'aurait pas cette fois-ci. L'arme au poing, Tommy monta discrètement quelques branches plus haut. Il aperçut le premier personnage lorsque celui-ci sortit des hautes herbes. L'autre était encore invisible. Il aurait pu avoir le premier d'où il était, mais sa position serait découverte et l'autre aurait peut-être la possibilité de le mettre en joue. Il décida donc de s'occuper de celui qu'il ne voyait pas. Le détecteur affirmait qu'il se trouvait à moins de dix mètres de lui, vers le sud. Dans cette direction, se trouvaient plusieurs arbres, ainsi que de très hautes broussailles. Au sol rien ne bougeait. Il attendait probablement une erreur de sa part. Au nord, le personnage progressait toujours, lentement mais sûrement. Il fallait que Tommy se dépêche de prendre une décision. Il fit ses calculs et décida de tirer dans l'arbre qui lui faisait face huit mètres plus loin. S'il s'était trompé, il tuerait l'autre et tenterait de se mettre à l'abri. Il visa et fit feu. Sa balle transperça une branche haute qui se rompit et tomba au sol. Une forme bougea pour l'éviter et Tommy fit feu de nouveau, tuant son adversaire. Quelqu'un se mit à courir au nord. Tommy pivota sur sa branche et tira. Il fit mouche au moment où l'ennemi numéro trois pointait son arme dans sa direction. Plus que deux à avoir. Cela faisait environ quinze minutes qu'ils avaient commencé la partie et déjà trois de ses cibles étaient au tapis. Il sauta en bas de l'arbre et quitta cette zone. Une question lui traversa l'esprit. Comment avaient-ils réussi à apparaître sur son détecteur seulement à vingt mètres de lui alors qu'il était censé les découvrir dans un rayon de cinquante mètres ? A sa connaissance, il n'existait aucun objet qui permettait de brouiller le détecteur. Il haussa les épaules et repartit en chasse. Dans la salle, Eddy dévisageait Tommy. Cela faisait plusieurs fois que le gamin portait la main à son front et il semblait en sueur. Eddy l'avait pourtant prévenu plusieurs fois qu'une utilisation prolongée risquait de provoquer des maux de tête. S'il continuait comme ça, Tommy aurait probablement également des problèmes aux yeux de bonne heure. Il décida de lui conseiller d'arrêter lorsque son téléphone sonna. Tommy était arrivé en haut d'une petite falaise. Un autre des personnages était dans les parages. Mais pour Tommy, il n'était pas question de se rendre en bas par ce chemin. Il aurait été en terrain découvert tout au long de la descente. Il lui fallait contourner l'obstacle. Un peu plus loin la pente était beaucoup moins raide ce qui lui permettrait de descendre en courant. Il aurait ainsi plus de facilité à éviter les balles. Deux blocs de rochers se trouvaient en contrebas. L'ennemi numéro quatre se trouvait probablement derrière. Le détecteur cardiaque annonçait une cible à quinze mètres. Il vérifia son chargeur et se mit à courir. Aucune réaction pour l'instant de son adversaire. Avec de la chance, ce personnage était en stand-by, attendant les ordres. Mais au moment où il pensait cela, une forme sortit de derrière les rochers, se jeta sur la droite et tira à plusieurs reprises. Plusieurs balles sifflèrent autour de Tommy et une l'atteignit à l'épaule gauche. Il grimaça. C'était la première fois qu'il se faisait toucher et il s'en était fallu de peu pour qu'il perde sa première partie. Il continua de courir alors que des balles se fichaient à quelques centimètres de lui. Soudain un déclic. Tommy comprit immédiatement. Plus de munitions pour son adversaire qui devait recharger au plus vite. Au lieu de continuer vers les rochers, Tommy vite volte-face et fonça vers son ennemi. Les deux armes claquèrent en même temps. Une balle frôla ses cheveux alors qu'une autre atteignait sa cible en plein cœur. Plus qu'un et il rentrerait chez lui. Il changea son chargeur et consulta de nouveau le détecteur. Il n'aurait pas beaucoup de chemin à faire, il arrivait devant lui. Tommy leva la tête mais ne vit rien. La falaise faisait un coude devant lui et lui cachait une partie de la vue. Le point lumineux se rapprochait petit à petit. Tommy se mit à l'abri derrière le rocher et pointa son arme vers le renfoncement. Au moment où le dernier des personnages montrerait ne serait-ce qu'un bout de son nez, il ferait feu et gagnerait. Il se rapprochait toujours, il n'était plus qu'à cinq mètres. Tommy déposa le détecteur et tint son pistolet à deux mains pour plus de précision. Un bruit de pas survint et une forme apparut. Tommy tira deux fois et vit une gazelle s'enfuir en galopant. Il n'était pas prévu que des animaux soient présents ! Le temps de réaliser qu'il s'était focalisé sur une mauvaise cible, Tommy attrapa son détecteur et le vit. A cinq mètres derrière lui, le point rouge lumineux clignotait. Le détecteur tomba à terre. Le doigt sur la détente Tommy se retourna d'un coup mais il était trop tard. Un seul coup de feu partit et l'atteignit entre les deux yeux. Le paysage disparut et les mots "Game Over" firent leur apparition. Eddy raccrocha enfin et se dirigea vers Tommy. Sa mère venait d'appeler pour savoir s'il était bien partit à 19H00 comme prévu. Eddy avait répondu qu'il l'avait vu consulter sa montre à plusieurs reprises mais qu'il était toujours là. Il était 19H15. En s'approchant de l'endroit où jouait Tommy, Eddy se demanda s'il devait interdire l'accès à Tommy à certains moments. Pour sa santé c'était préférable qu'il ne joue pas autant. Il n'avait pas l'air très en forme en cette fin de journée. Soudain, Eddy vit Tommy rejeter la tête en arrière et tomber de son fauteuil. Il venait dans le jeu de se prendre une balle en pleine tête. Et alors que les mots "Game Over" clignotaient dans le casque, Eddy se précipita sur Tommy. Mais il était trop tard. Cinq minutes plus tard une ambulance s'arrêtait devant le Rockefeller Center et trois infirmiers arrivaient dans la salle. Ils ne purent que constater le décès de Tommy. Le premier diagnostic fut une crise généralisée d'épilepsie foudroyante. |
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Allan Parker rentra chez lui vers dix-neuf heures. Il avait réussi à avoir sa soirée et comptait bien la passer avec son amie. Cela faisait cinq années de suite qu'il était de service le soir du 4 juillet et cela commençait à lui peser. Alors quand on lui avait annoncé qu'il était libéré ce soir là, il avait eu une pensée fugace pour ceux qui n'auraient pas la chance de passer la soirée de la fête nationale en famille. Les deux premières années, cela ne l'avait pas vraiment dérangé. Il n'y avait personne de sa famille qui habitait New York, ses parents habitant la Louisiane et son grand frère ayant immigré au Canada pour des raisons professionnelles. Mais depuis qu'il avait rencontré Emma, il essayait de passer le plus de temps avec elle. Mais ce n'était pas chose aisée. Être petite amie ou femme de flic n'était pas de tout repos. Emma avait fait le choix d'être avec lui et acceptait les risques du métier et les horaires tardifs. Mais Allan se rendait bien compte qu'ils ne se voyaient quasiment plus. Alors pour une fois qu'il avait sa soirée, une soirée de fête, ils allaient en profiter.
En entrant chez lui, il fut étonné de trouver l'appartement plongé dans le noir. Pas un bruit n'était perceptible. Emma aurait du être là bien avant lui. Il l'appela du hall à plusieurs reprises alors qu'il se déchaussait mais ne reçu aucun écho. Elle était peut-être ressortie faire quelques achats de dernière minute. Mais pourquoi les rideaux étaient-ils tirés ? Il fit quelques pas vers le salon, jeta un coup d'œil dans la cuisine et se dirigea vers leur chambre. Une faible lueur passait sous la porte. Emma devait finalement être là. "Emma ?" Allan prononça son nom une nouvelle fois en ouvrant la porte. Peut-être dormait-elle. Une sensation étrange l'assaillit soudainement. La lumière était éteinte et le léger éclairage provenait de deux bougies posées sur leurs tables de nuit. "Emma tu d…" Allan ne termina pas sa phrase. Il venait de l'apercevoir. Emma était étendue sur le lit, une rose rouge posée contre son cœur … ----------------- Henry avait téléphoné à sa femme en milieu d'après-midi pour lui dire qu'il serait bien à la maison vers 19H30. Elle avait invité leurs voisins à dîner et elle comptait sur sa présence. Lui aurait préféré une soirée tranquille, à regarder un match de base-ball en sirotant une bière. Mais il devrait se résoudre à passer une soirée civilisée, comme aurait dit Allan. Parfois Henry regrettait cette période où ils faisaient équipe ensemble. Bien qu'il ne l'aurait jamais avoué devant lui, il considérait Allan comme le meilleur coéquipier qu'il ait eu. Il avait mis du temps à s'en rendre compte bien sûr mais ce n'était pas pour rien qu'il lui donnait toutes les missions les plus importantes. Celles qu'Henry n'était censé ne plus faire. Sa journée avait été tranquille. Il avait passé la matinée à interroger des suspects dans une affaire de trafic de voitures volées et était parvenu à en faire craquer un juste avant la pause déjeuner. En début d'après-midi, il avait mis en place le travail de filature et d'écoutes téléphoniques sur un certain Sammy Crockett, propriétaire d'une casse dans le sud de Brooklyn. Puis il s'était rendu au siège de l'ISA pour discuter avec Mike et Scott des chefs d'accusation sur Walter Miller. Et enfin il s'était assis à son bureau à remplir de la paperasse en essayant de trouver un prétexte pour ne pas participer à ce repas. A dix-neuf heures il se rendit à l'évidence, aucun miracle ne lui permettrait de rater ce dîner. Il prit donc ses clés et souhaita une bonne soirée à ses collègues. Quand un téléphone sonna et qu'il voulut le décrocher, la voix de son patron résonna à travers la pièce. "Pullet, laissez ce téléphone et rentrez chez vous. C'est un ordre". Si même lui s'y mettait, Henry n'avait aucune chance. Il lança un "chef, oui chef !" et sortit sous les rires de ses collègues. Trente-cinq minutes plus tard il garait sa voiture dans le parking de son immeuble et montait à son appartement. Sa femme s'était mise sur son trente et un. "Dépêche-toi Henry, lui asséna-t-elle à peine rentré. Les Prescott arrivent dans un quart d'heure". ----------------- Allan resta sans bouger durant quelques secondes. Il essayait de mémoriser tous les détails de la scène qui s'offrait à lui. Les stores étaient tirés et la fenêtre fermée. Les deux bougies placées de part et d'autre du lit se consumaient doucement et donnaient juste assez de lumière pour éclairer le lit. Emma reposait sur des draps de soie, la tête posée sur un oreiller et ses mains serrant une rose rouge. Elle portait des sous-vêtements qu'il n'avait encore jamais vus. Elle n'était pas particulièrement attirée par la lingerie de luxe, mais ces dessous semblaient tout droit sortis d'une des boutiques de luxe de la cinquième avenue. En s'approchant, il remarqua des pétales de roses dispersés au pied du lit. Les larmes lui montèrent aux yeux quand il s'assit sur le bord du lit et la regarda. Il effaça d'un geste du doigt une larme qui coulait le long de sa joue et se pencha vers Emma. Ses lèvres brillaient de mille feux. Il y déposa un baiser amoureux et elle ouvrit enfin les yeux. - Mon prince charmant, dit-elle en souriant. Tu en as mis du temps pour me réveiller. Cela fait presque cent ans que j'attends ta visite. - Je n'osais point te déranger ma belle princesse, tu es si belle quand tu fais semblant de dormir. Emma lui sourit de nouveau et l'attira contre elle. Et alors que les bougies s'éteignaient et faisaient disparaître de la chambre les dernières lueurs, deux corps s'enlaçaient dans l'obscurité, aussi amoureux qu'au premier jour. Message modifié le 03/10 à 18:29:46 par Centaurus. |
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Regan entra chez Gino dix minutes en avance, certaine que Gary ne serait encore pas arrivé. Elle voulait se débrouiller pour avoir la table à laquelle Gary avait mangé la veille au soir mais elle était déjà occupée par un couple. Elle s'assit donc à regret à la table à laquelle le serveur l'emmena. A peine était-elle installée que Gary entra à son tour, un bouquet de roses à la main. Regan le regarda s'approcher. Il s'était habillé plutôt décontracté ce soir. Il portait un pantalon et une chemise à manches courtes et tenait dans sa main gauche une veste d'été pour la fin de la soirée, quand la fraîcheur de la nuit aurait fait son apparition. En le regardant, Regan le trouva encore plus beau qu'avant. "Ne te laisse pas avoir ma vieille, se dit-elle intérieurement, ne succombe pas ce soir. Tu dois d'abord avoir tes réponses".
Gary s'approcha d'elle, lui offrit le bouquet de roses et l'embrassa sur la joue. "Je suis très content de te voir" lui dit-il en s'asseyant. Regan ne répondit pas et se contenta de humer le parfum des fleurs. Gino leur apporta immédiatement deux verres de vin et une petite assiette d'olives. Ils trinquèrent en silence et Regan décida enfin de parler. - Comment s'est passé ton voyage d'affaires ? - Bien. Ils ont accepté de signer le contrat malgré les nouvelles clauses de sécurité que nous avions apportées. Mais on ne va peut-être pas parler du travail toute la soirée ? - Pourquoi pas, c'est un sujet de discussion comme un autre ! Gary la regarda du coin de l'œil tandis qu'elle examinait la carte. Elle n'avait pas l'air de très bonne humeur. Déjà au téléphone cet après-midi il lui avait semblé qu'il la dérangeait. Il décida de ne rien dire pour l'instant. - Tu as choisi ? lui demanda-t-il. - Je ne sais pas trop. Je crois que je vais te laisser commander. - Bon alors que dirais-tu d'une escalope milanaise accompagnée de pâtes ? - D'accord pour l'escalope, mais je préférerai un autre accompagnement. Quelques frites m'iraient mieux. Gary passa la commande et annonça à Regan qu'il l'emmènerait ensuite voir le feu d'artifice du haut de la Statue de la Liberté. En mangeant, Regan décida de ramener la conversation vers la soirée de la veille. - Tu es revenu à New York ce matin ? - Non, en fait la signature a été plus rapide que nous le pensions et j'ai atterri avant-hier, en fin d'après-midi. Regan n'en crut pas ses oreilles. Cela faisait deux jours qu'il était à New York et il ne l'avait appelé qu'aujourd'hui ! Elle réprima un accès de colère et continua. - Depuis mercredi ? Tu aurais pu m'appeler avant, nous serions allés manger quelque part. - Je sais bien mais dès que je suis arrivé à l'aéroport, mon patron m'a demandé de passer au bureau et après il était vraiment tard. Par contre j'ai essayé de te joindre toute la journée d'hier mais je ne suis tombé que sur ton répondeur. Regan haussa les sourcils. Elle n'avait pas été chez elle de la journée et son portable avait été éteint la majeure partie du temps. Il ne lui avait laissé aucun message, elle n'avait donc aucune façon de savoir s'il disait la vérité. Par contre, il connaissait le numéro de son magasin. - Tu aurais pu me laisser un message, je t'aurai rappelé. Ou mieux tu appelais au magasin. Cela m'aurait permis de m'échapper quelques instants. J'ai passé tout l'après-midi avec la même cliente. Gary soupira intérieurement. C'est ce qu'il allait faire quand il était tombé sur Jenna au cinéma. S'il s'y était pris avant, il aurait probablement dîné avec Regan hier mais n'aurait pas pu rencontrer Jenna et son mari. - Faut dire aussi que j'ai eu un imprévu hier. Un imprévu ? Il appelait ses petites amies des imprévus ? Regan haussa le ton. - Et comment s'appelle-t-elle "cet imprévu" ? - Qu'est-ce que tu veux dire ? - Ne fait pas celui qui ne comprend pas. Tu n'as pas dîné tout seul hier soir ! Gary comprit alors pourquoi Regan était dans cet état. Elle l'avait probablement aperçu à un moment de la soirée avec Jenna et s'était imaginée qu'elle était une de ses conquêtes. Et voilà pourquoi elle avait choisi "chez Gino" comme restaurant pour ce soir et qu'elle était aussi étrange. Elle était tout simplement jalouse. Et tout ça à cause d'un malentendu. Gary sourit et décida de prendre son temps pour lui expliquer. - Non effectivement je n'ai pas dîné tout seul. J'ai rencontré par hasard une ancienne amie, petite amie, hier dans l'après-midi et nous sommes allés dîner ensemble. - Comment s'appelle-elle ? - Jenna, Jenna Highsmith. - Et tu la rencontres "par hasard" à chaque fois que je ne suis pas là pour te faire passer le temps ? Regan avait haussé la voix et plusieurs clients s'étaient retournés vers leur table. Elle rougit et baissa la tête quelques secondes. - Alors ? - Non, je la rencontre par hasard quand elle suit son mari à New York pour un voyage d'affaires. C'est à dire tous les … Oui c'est ça, c'était la première fois depuis qu'elle est partie il y a quelques années vivre en Australie. Ils se sont rencontrés là-bas. J'ai fait sa connaissance lors du repas, il est très sympathique. Gary prit son verre et regarda Regan. Elle commença à pâlir puis son visage prit une teinte rosée. Elle posa ses couverts, murmura quelques mots et partit en direction des toilettes. Gino profita de ses quelques instants pour se rendre à leur table et demander à Gary si tout allait bien. Celui-ci hocha la tête et lui demanda de leur préparer son fameux sorbet "passion" aux fruits rouges pour le dessert. "Elle n'a pas beaucoup touché à son escalope mais je crois qu'elle va finalement la finir" ajouta-t-il d'un air joyeux. Car pour lui, cet excès de jalousie était la preuve qu'elle tenait à lui. Il tapota la poche de sa veste pour vérifier que le petit paquet était toujours là et se servit du vin. Devant la glace, Regan essayait de contenir ses larmes et se passait de l'eau sur le visage. Quelle idiote elle avait été ! Pourquoi s'était-elle emportée de cette façon après avoir tiré des conclusions hâtives ? Elle devait des excuses à Gary, mais elle ne savait pas de quelle façon il allait réagir. Elle avait peut-être tout gâché avec ses bêtises. Elle se tamponna les yeux, se repassa un peu de mascara et de fond de teint et décida de retourner à sa place. - Gary, je suis désolée ! Je me suis comportée comme une idiote. Mais quand je suis entrée ici hier soir et que je t'ai vu avec une autre femme, j'ai cru que … - … que je sortais avec d'autres femmes que toi ? - Tu étais censé être en voyage d'affaires alors tu comprends, j'ai cru que tu m'avais menti et que … Je suis désolé Gary, j'ai été tellement bête. - Je ne te le fais pas dire, répondit Gary en souriant. Je pensais que tu t'étais rendue compte que tu comptais beaucoup pour moi. - Tu ne m'en veux pas ? - Pas du tout. Je suis plutôt content finalement. Et maintenant, finissons nos assiettes ou ça va être froid. La soirée est loin d'être terminée ! Message modifié le 08/10 à 18:08:57 par Centaurus. |
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Pendant que je rapportais les assiettes sales dans la cuisine, Julia s'occupait de sortir le gâteau du frigidaire, assistée de Betty qui ne se séparait plus son chien.
- Le dîner était délicieux Julia. Tu as fais appel à quel traiteur ? ajoutai-je pour la taquiner. - On a tout fait nous même, s'écria Betty en me regardant d'un air fâché. - Il faudra me donner son adresse, continuai-je l'air de rien. - Maman, dis-lui que c'est nous … Betty se tourna vers sa mère qui souriait. Puis elle me regarda et voyant mon clin d'œil, comprit que je la taquinais et éclata de rire. - C'est pas sympa Scott de m'embêter comme ça. - Tu as raison. Je suis désolé. Tu es une très bonne cuisinière Betty. Elle me regarda d'un air suspect, décida que j'étais sincère et sourit. - Et toi tu as fait le gâteau tout seul ? me demanda-t-elle, me regardant du coin de l'œil. - Ne m'en parle pas ! J'ai passé toute la journée dans la cuisine à battre les œufs, mettre la farine … - Tu ne sais même pas faire une omelette, m'interrompit Julia en riant. - Ça ce n'est pas gentil du tout, dis-je. Ça va se payer. Je l'attrapai alors par la taille et l'attirai vers moi pour l'embrasser. Le contact de ses lèvres contre les miennes me fit oublier un instant la présence de Betty dans la pièce. Julia avait cet effet sur moi. Quand j'étais prêt d'elle, rien d'autre ne comptait. Et au travail, je devais éviter de la regarder pour pouvoir me concentrer. - Bon alors, on le mange ce gâteau ? demanda Betty. Il a vraiment l'air délicieux. ----------------- Assis dans le canapé face à la baie vitrée, Julia et moi buvions un verre de vin en regardant le feu d'artifice. Betty était tombée de fatigue une heure auparavant et Julia l'avait mise au lit. Betty m'avait alors réclamé et j'étais venu lui faire un bisou et lui souhaiter bonne nuit. Elle m'avait demandé de lui lire un livre mais après la première page, elle avait serré Biscotte dans ses bras et s'était endormie. Et en la regardant je sus. Betty ne pouvait vivre sans une présence masculine à ses côtés. Son père en les abandonnant toutes les deux avait fait la plus grosse bêtise de sa vie. Bientôt je demanderai Julia en mariage et si elle acceptait, Betty aurait un nouveau père. Quelqu'un qui l'aimerait vraiment. Si elles étaient d'accord toutes les deux, je l'adopterais. Le ciel scintillait de mille couleurs à chaque nouvelle explosion. Dans le lointain résonnait la musique de l'orchestre qui jouait au pied de la Statue de la Liberté. Dans les rues aux alentours, quelques enfants s'amusaient avec des pétards et faisaient aboyer des chiens. La soirée était merveilleuse, presque féerique. Le bouquet final illumina New York pendant cinq bonnes minutes puis la nuit reprit ses droits. La tête sur mon épaule, Julia était heureuse. Et j'espérais qu'elle le serait encore plus dans quelques instants. - Scott, me dit-elle alors que j'allais fermer la fenêtre, si tu passais la semaine ici avec moi. Après tout, nous sommes en congé. - Je ne suis pas sur New York la semaine prochaine, commençai-je. En fait, je dois prendre l'avion lundi en début d'après-midi. - Comment ça ? Pour aller où ? Julia se redressa et me regarda étonnée. Je revins m'asseoir à côté d'elle et prit ses mains. - J'ai réservé pour San Diego. - La Californie ? Qu'est-ce que tu vas faire là-bas ? - Je ne sais pas moi. Me baigner, me reposer, me promener. Nous ferons tout ce que tu voudras. - Nous ? - Bien sûr ma chérie, tu ne crois tout de même pas que je vais y aller tout seul. Ça fait longtemps que j'y songe et comme nous avons quelques jours de congé, je me suis dit que ça nous ferait du bien de les passer tous les deux, loin de New York. Bien sûr, si tu n'es pas d'accord, nous pouvons rester là. - San Diego ? - San Diego ! - Alors c'était ça ton cadeau ? me demanda-t-elle en se levant. - Tu es d'accord ? Elle me fit signe de la suivre et arrivés sur le pas de sa chambre, elle me répondit en déboutonnant son chemisier : "Je vais y réfléchir cette nuit. Si j'ai le temps …". "Après tout, pensais-je en refermant la porte derrière moi, cela peut bien attendre demain matin". |
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Assis dans une chambre de l'hôpital, monsieur Preston tenait la main de sa femme, allongée sur un lit. Les parents de Tommy avaient été prévenus par Eddy après que celui-ci ait appelé une ambulance, inutilement malheureusement. Ils étaient arrivés alors que les ambulanciers transportaient le corps de leur fils sur un brancard, dans une housse mortuaire. Madame Preston avait tenu à voir le visage de son fils malgré les recommandations de son mari, et s'était évanouie quelques secondes après. L'ambulance les avait emmenés à l'hôpital le plus proche alors qu'un autre véhicule arrivé entre temps emportait le corps sans vie de Tommy vers la morgue. Une infirmière pénétra dans la chambre et fit quelques examens de routine à la mère de Tommy. Puis après leur avoir expliqué que ce n'était probablement qu'une crise de nerf, elle ajouta que le médecin préférait tout de même la garder pour la nuit afin de faire des examens plus approfondis le lendemain matin, notamment au niveau du cœur. Monsieur Preston demanda à passer la nuit avec sa femme, et l'infirmière acquiesça et annonça qu'elle allait revenir avec deux plateaux repas. "Il faut surtout que vous mangiez et que vous vous reposiez madame Preston". Puis se tournant vers le mari : "Je sais que l'épreuve que vous traversez est terrible mais il ne faut pas mettre votre santé en danger. Je compte sur vous pour vous assurer que votre femme reprendra quelques forces avec le dîner."
Monsieur Preston fit un geste mélancolique de la tête et serra de plus belle la main de sa femme. Les policiers avaient interrogé Eddy pendant quelques minutes, lui demandant de raconter ce qu'il avait vu. Il leur parla des nombreuses heures que Tommy passait dans sa salle, les lunettes sur les yeux, sans s'arrêter une minute. Il leur raconta qu'il avait à plusieurs reprises pensé à interdire ou limiter l'accès de sa salle à Tommy, mais que cela n'aurait servi à rien. Il serait allé ailleurs. Un des policiers lui demanda de venir le lendemain au commissariat pour signer sa déposition et tout le monde partit peu à peu. Eddy fut obligé de fermer son établissement jusqu'à la fin de l'enquête. A l'extérieur, des badauds se pressaient à proximité, attirés par les sirènes des ambulances. Mais ils se dispersèrent rapidement, reprenant le fil de leur chemin et pensant à la soirée de fête qu'ils allaient passer. Dans son appartement, l'homme enfila son pantalon, sa chemise et sa veste et se prépara à sortir. Une demi-heure à peine après la mort de Tommy, les journalistes en avaient déjà glissé quelques mots dans leurs journaux télévisés. L'information était brève : un adolescent était mort d'une overdose de jeux vidéos. L'homme sourit et éteignit sa télévision. Personne ne pourrait envisager une piste criminelle. La mort de cet adolescent en elle-même ne servait à rien. Mais dans le processus qu'il avait mis au point, elle était la première brique de sa vengeance. Bientôt il poserait la seconde. "Patience, dit-il tout haut. Votre tour viendra aussi, en temps voulu". Il attrapa son portefeuille et sortit se mêler aux fêtards. Du haut de la Statue de la Liberté, Regan contemplait New York. Les lumières vives des enseignes et des appartements contrastaient avec la lueur plus discrète des étoiles qui scintillaient au-dessus de sa tête. La température était plutôt douce pour une nuit d'été et le vent soufflait ici beaucoup plus qu'au pied de l'édifice. Regan frissonna et regretta de ne pas avoir pris un gilet plus chaud. A ses côtés, Gary était encore en manches courtes et n'avait pas l'air d'avoir froid. Il lui posa donc sa veste sur les épaules et l'étreignit vigoureusement. Regan se laissa faire et se sentit immédiatement beaucoup mieux, la chaleur de Gary se répandant tout le long de son corps. Elle posa sa tête au creux de l'épaule de son amant et ferma les yeux. Elle se sentait encore mal à l'aise d'avoir pu penser que Gary voyait d'autres femmes, mais était heureuse qu'il ne lui en tienne pas rigueur. Ses désirs avaient vraiment l'air de se réaliser. Elle avait enfin trouvé un homme qui l'aimait vraiment. "Moi aussi je l'aime, se dit-elle. Et j'ai tout failli gâcher". Car en dehors de sa crise de jalousie, elle avait toujours dans la tête le visage de ce mystérieux homme avec qui elle aurait pu dîner ce soir. Soudain, un grondement féroce suivi d'une salve d'applaudissements la tira de sa rêverie. Le feu d'artifice commençait. Regan posa ses mains sur celles de Gary et ils regardèrent tous les deux le spectacle. Ce fut lors du bouquet final que Gary offrit la magnifique bague à Regan et la lui passa au doigt. Et bien que ce ne soit pas une demande en mariage, cela ressemblait fort à une déclaration d'amour. Longtemps après, alors que Gary et Regan pénétraient dans l'immeuble de celle-ci, un homme sortit de l'ombre et regarda quelques instants les étages, espérant voir une pièce s'éclairer. Puis il repartit comme il était venu, disparaissant dans la nuit. En haut, les deux amoureux n'avaient pas pris la peine d'allumer la lumière et, si Regan avait toujours froid, elle fut vite réchauffée par les étreintes ardentes et fougueuses de son bien-aimé. |
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Lundi 7 juillet
Accoudée à la table de la brasserie du hall de l'aéroport, Julia feuilletait un magazine féminin. Devant elle, une tasse de café bouillant reposait sur sa soucoupe avec deux minis morceaux de sucre et un carré de chocolat noir. L'article qu'elle lisait traitait des effets néfastes d'une trop grande utilisation des lampes autobronzantes. Elle haussa un sourcil, peu convaincue par l'intérêt de l'utilisation en elle-même de ce type d'appareil et tourna la page. L'article suivant ne l'intéressant pas plus que le premier, elle ferma le magazine et le déposa sur la table. Puis elle regarda aux alentours en espérant me voir, mais sans succès. Cela faisait maintenant vingt bonnes minutes que j'étais parti m'occuper de l'enregistrement de nos valises. Devant moi, une grosse femme au regard antipathique pestait contre une employée qui essayait de lui expliquer qu'elle devait mettre dans la soute l'énorme sac en cuir qu'elle transportait. "Mais c'est mon sac à main!" râlait-elle, ne voulant pas le lâcher. Voyant que la situation ne se débloquait pas et bloquait la file des voyageurs, l'employée de l'aéroport appela à la rescousse un agent un peu plus imposant qui fit vite comprendre à la dame que si elle ne mettait pas son sac dans la soute, elle ne partirait pas. Dix minutes plus tard, j'étais de retour dans la brasserie et embrassais ma jolie Julia avant de m'asseoir à ses côtés. - J'espère que la femme qui était devant moi dans la file ne prend pas le même vol que nous sinon ça va être l'enfer, lui dis-je en expliquant ce qui s'était passé. - Peut-être qu'elle va même descendre dans le même hôtel que nous ! répondit-elle en souriant. - Après tout, peu importe. Je suis sûr qu'une fois arrivés là-bas, nous n'aurons pas le temps de penser à elle. - Et à quoi penserons-nous ? me demanda-t-elle en posant sa main sur ma cuisse. Une fois encore je sentis le désir monter en moi, comme ce fut le cas tout au long du week-end. Même lorsque nous nous étions promenés avec Betty dans Central Park ou le long des vitrines de la cinquième avenue, j'avais eu envie de prendre Julia par la taille et de l'embrasser fougueusement sans attendre notre retour chez elle. Mais la présence de sa fille bridait quelque peu nos ardeurs et ce ne fut que le dimanche soir, après qu'elle fut partie avec la mère de son amie que nous nous étions réellement trouvés. Chaque jour passé avec Julia me confortait d'avantage dans mon désir de faire ma vie avec elle. - J'espère que tout se passera bien pour Betty. Elle en a vraiment besoin après tout ce qu'elle a vécu avec le procès. - Je sais. C'est souvent comme ça lors des divorces. Les enfants bien qu'ils n'y soient pour rien sont sûrement ceux qui souffrent le plus. Mais ne t'inquiète pas trop pour elle. Je crois qu'elle s'en tire bien. - C'est depuis que tu es à nos côtés Scott. Je crois qu'elle te considère déjà comme … Non, rien. Je ne veux pas t'embêter avec ça. C'est trop tôt. Je lui souris mais ne répondit pas, bien que je sache à quoi elle faisait allusion. Betty avait besoin d'un père, mais Julia ne voulait pas me mettre la pression. Mais quoi qu'il en soit, j'avais déjà pris ma décision. |
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